La révolte d’un oiseau contre les cages cadenassées du « monde libre »

En Inde, la Haute-cour de justice rendit récemment un étonnant jugement : les oiseaux ne pouvaient plus être maintenus en cage. Prétexte invoqué par les juges : les oiseaux aussi ont un droit à la dignité et à la liberté.

Le Yéti  • 1 juin 2015
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La révolte d’un oiseau contre les cages cadenassées du « monde libre »

Illustration - La révolte d'un oiseau contre les cages cadenassées du "monde libre"

Cette anecdote, racontée sur son blog « Sovereign Man » (l’homme souverain) par Simon Black, est d’autant plus savoureuse que l’Inde n’est même pas considérée comme faisant partie du monde dit « libre ».

Dans le monde dit « libre », la liberté est chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls oiseaux citoyens . Au nom de leur sécurité, un rempart de règles, de lois et de règlements, toujours plus nombreux, toujours plus contraignants, sont venus renforcés les verrous de leurs cages dorées. Simon Black :

« Juste ce matin, la publication par le gouvernement des États-Unis des nouvelles règles, lois et règlements totalisaient 313 pages. Et cela juste pour aujourd’hui. »

Ce méchant vent de libertés cadenassées au nom de la sécurité n’est pas le privilège du Patriot Act des seuls États-Unis. De mises sur écoute généralisées en lois d’exception à prétexte anti-terroriste, l’ouragan sécuritaire est en train de contaminer l’Europe et les autres pays affidés. David Cameron :

« Trop longtemps, nous avons été une société passivement tolérante, en disant à nos citoyens : tant que vous obéissez à la loi, nous allons vous laisser seuls. »

Et de corriger le tir de cette société « trop tolérante » par toute une batterie de mesures répressives pour combattre « l’extrémisme ». Notez bien, relève Simon Black, l’élément de langage dérape sensiblement du “terrorisme” vers le soi-disant “extrémisme”. Toute une nuance !

La liberté de désobéir

Le plus incroyable, écrit Simon Black, est que les oiseaux en cage du « monde libre » que nous sommes croient toujours mordicus qu’ils volètent à l’air libre. Évoquez seulement avec eux Cuba ou la Russie et vous les verrez s’esclaffer en gazouillant sur ces « dictatures », en pontifiant sur ces Droits de l’homme bafoués dont ils se persuadent encore être les garants.

Le moindre prisonnier politique d’un des pays désignés comme liberticides par le « monde libre »est immédiatement convoqué sous leur aile protectrice, quand leurs propres autorités s’acharnent sans ménagement sur des Julian Assange, des Chelsea Manning, des Edward Snowden, des Jeremy Hammond.

Ces mêmes hérauts de la liberté n’ont-ils pas légalisé et justifié l’usage de la torture à grande échelle ? Leurs propres policiers ne se font-ils de jour en jour plus violents, de plus en plus meurtriers[^2] ?

La croyance en la liberté au sein du « monde libre » est une supercherie, selon Simon Black. Mais se contenter de s’en indigner est juste se donner bonne conscience à bon compte et ne suffit plus.

« Chacun est libre de se comporter comme un idiot. Les gens sont libres de faire la plus grande bêtise qui soit en échangeant leur liberté contre une pseudo sécurité. C’est leur choix. Mais ils ne sont pas libres de négocier la mienne. Je suis libre de faire ce que je veux de ma liberté à moi. »

La porte des cages à oiseaux reste à ouvrir, conclut Simon Black, la liberté à reconquérir. À chacun de s’y employer « quoi qu’il arrive ». Quitte à désobéir et à passer pour un dangereux « extrémiste » aux yeux des oiseliers bonimenteurs.

[^2]: Une enquête du Washington Post vient d’établir que la police américaine avait tué par balles 385 personnes au cours des cinq premiers mois de 2015, soit plus de deux personnes par jour.

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