Burundi : trois mandats, c’est trop !

Le festival international de photojournalisme Visa pour l’image, à Perpignan, propose au grand public une bonne vingtaine d’expositions. Deuxième volet de cette série, les violentes émeutes au Burundi à l’annonce d’un nouveau mandat de son président, Pierre Nkurunziza, devant l’objectif de Goran Tomasevic.

Jean-Claude Renard  • 2 septembre 2015
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Burundi : trois mandats, c’est trop !
Photos : Goran Tomasevic

A côté des images de Lynsey Addario sur les réfugiés syriens au Moyen-Orient, fuyant la guerre civile, de Daniel Berehulak, sur l’épidémie d’Ebola traversant l’Afrique de l’Ouest, du Liberia en Sierra Leone, de Marcus Bleasdale, sur la terreur en République centrafricaine, plongée dans les massacres entre les combattants de la Séléka et les milices chrétienne et animiste, à côté encore du parcours photographique de Bülent Kiliç, ces dernières années, de Kiev à Kobané, au cul des zones de conflit, les images de Goran Tomasevic font partie des plus violentes exposées dans cette 27e édition de « Visa pour l’image ».

Tomasevic n’est pas un perdreau du photojournalisme. Ni une découverte pour le festival, où son travail a déjà été présenté. Depuis plus de vingt ans, il couvre les conflits dans le monde, des Balkans, terre de ses premiers clichés, en Afghanistan, de la Syrie en Irak, en passant par la Libye et Israël.


Illustration - Burundi : trois mandats, c’est trop !


En mai et juin 2015, Goran Tomasevic a passé plusieurs semaines au Burundi, au moment où ce petit pays d’Afrique centrale était confronté à l’une des pires crises de son histoire depuis la fin de la guerre civile ethnique (en 2005) ; une crise déclenchée par l’annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, contre la Constitution, et l’avortement d’un coup d’État. Les mouvements de protestation ont vite tourné au chaos dans la capitale Bujumbura, où les affrontements n’étaient pas concentrés sur une place précise dans la ville mais éclataient un peu partout. « Il était difficile d’être au bon endroit au bon moment , confie le photographe. J’ai sympathisé avec quelques manifestants qui me prévenaient lorsqu’il se passait quelque chose. Nous nous précipitions alors sur les lieux. Il fallait aussi parler aux autorités, à la police. Il y a toujours deux camps lors d’une manifestation. » Et de se retrouver, le plus souvent, non pas dans un camp, ou l’autre, mais entre les deux. C’est l’impression qui domine dans ces quelque quarante images couvrant les émeutes.


Illustration - Burundi : trois mandats, c’est trop !


Tomasevic n’est pas au plus près des tensions, il est dedans. À une poignée de centimètres de son sujet. De chaque côté des barricades, au milieu des foules de manifestants hurlant leur colère, dans l’entrelacs et la sueur des rébellions, dans les gaz lacrymogènes de la répression de la police anti-émeute. Sans prendre parti, ni pour un camp ni pour l’autre, en apparence. En apparence seulement, parce que pendant que son petit peuple manifeste, muni de bâtons et de caillasses face aux patrouilles gouvernementales chargées de fusils, Pierre Nkurunziza se pique de jouer au foot avec ses proches. M’enfoutisme et mépris plein cadre.

Visa pour l’image, Goran Tomasevic , « Burundi : trois fois, non ! », couvent des Minimes, jusqu’au 13 septembre (10 h-20 h). Entrée libre.

Illustration - Burundi : trois mandats, c’est trop !

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