« Cafe Society », de Woody Allen

Les années 1930, un amour contrarié, beaucoup de mélancolie et de bonnes blagues sur la mort.

Christophe Kantcheff  • 11 mai 2016
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« Cafe Society », de Woody Allen
© DR

Démarrage pépère du festival avec le nouveau film de Woody Allen, Cafe Society, projeté en ouverture de la sélection officielle, hors compétition. Dans les années 1930, Bobby (Jesse Eisenberg) débarque à Hollywood de son milieu pauvre new yorkais dans le bureau de son oncle, Philip Stern (Steve Carell), puissant agent de stars. Pour lui faire connaître la ville et la bonne société hollywoodienne, celui-ci propose à Bobby la compagnie de sa très séduisante secrétaire, Vonnie (Kristen Stewart), dont le jeune homme tombe immédiatement amoureux. Celle-ci n’est pas insensible à son charme, mais elle est par ailleurs engagée vis-à-vis d’un autre homme.

Voilà pour l’intrigue, qui n’a rien d’original, mais ce n’est pas un problème car Woody Allen l’étire dans la durée de l’existence, transformant une situation de quasi vaudeville en une histoire de grand amour contrarié ne pouvant s’éteindre malgré le temps qui passe.

Le ton est donc à la mélancolie, avec « une touche de légèreté dans le drame », comme il est dit dans le film et comme toujours avec l’auteur de Manhattan. Jesse Eisenberg est d’ailleurs excellent dans ce double registre, lui qui par son physique et son jeu tout en hésitations, gaucheries et accélérations est le meilleur alter ego de Woody Allen. Le cinéaste se révèle aussi toujours en verve quant à son humour sur la judaïté et les juifs : « – Les juifs n’ont pas de vie après la mort. – C’est bête qu’ils ne le proposent pas. Ils auraient beaucoup plus de clients… » Il déploie pléthore de blagues autour de la mort – sans doute pour s’en prémunir lui-même – l’une des répliques les plus hilarantes y ayant directement trait (je ne la dévoilerai pas ici).

Ce qui est aussi fort appréciable, c’est que Woody Allen, loin de ne s’intéresser qu’à Bobby et Vonnie, ouvre sa focale et conçoit des personnages secondaires qui existent vraiment. C’est le cas de la famille de Bobby habitant le Bronx, avec ses parents impayables et son grand-frère gangster. Il prend également le temps de dessiner une foultitude de portraits de la jet-set hollywoodienne, puis new-yorkaise – dans laquelle Bobby va évoluer. Le cinéaste brosse ainsi le portrait d’une société certes opulente mais pas forcément superficielle, et non sans fragilités en ces années 1930. Bref, un Woody Allen pépère, mais en l’espèce, le cinéaste vieillit plutôt bien.

Temps de lecture : 2 minutes
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