Pour Michael Moore, Trump sera président

Dans un billet publié dans le Huffington Post, Michael Moore liste cinq raisons qui lui font dire que les américains vont sans doute devoir célébrer la victoire du « Président Trump » en novembre prochain.

Christine Tréguier  • 30 juillet 2016
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Pour Michael Moore, Trump sera président

Le documentariste américain, qui avait déjà annoncé il y a un an que Donald Trump aurait l’investiture du parti républicain, donne, à regret, celui-ci vainqueur en novembre. « Il n’y a aucun doute qu’Hillary remporterait l’élection haut la main si les jeunes pouvaient voter avec leur console X-box ou Playstation », explique-t-il, mais l’insuffisance et l’encombrement des bureaux de vote dans les quartiers pauvres ajoutés à l’habituel faible taux de participation (en dessous de 50%) feront le jeu du républicain.

Première raison en faveur de celui que Moore qualifie de « proto-fasciste » : les états « bleus » du Midwest, traditionnellement démocrates, ont élu des gouverneurs républicains depuis 2010. La Pennsylvanie est restée démocrate mais les sondages le donne victorieux là aussi. Gagner dans ces quatre états lui garantit 64 sièges, exactement ce qui a manqué à Mitt Romney pour remporter la présidentielle de 2012.

Autre atout pour Trump ,le dernier sursaut des « hommes blancs en colère » qui, après avoir vu les droits des femmes éroder leur domination, freineraient des quatre fers pour éviter l’ultime outrage, une femme présidente. Trump a su se faire leur porte-parole : « Après avoir passé huit ans à nous faire donner des ordres par un homme noir, il faudrait maintenant qu’une femme nous mène par le bout du nez? Et après? Il y aura un couple gai à la Maison-Blanche pour les huit années suivantes? Des transgenres? Vous voyez bien où tout cela mène. Bientôt, les animaux auront les mêmes droits que les humains et le pays sera dirigé par un hamster. Assez, c’est assez! »

En sa faveur aussi, la relative impopularité d’Hillary Clinton. Son vote en faveur de la guerre en Irak, ses changements de postures sur divers sujets, certaines promesses de campagne irréalistes, font que « près de 70 % des électeurs la considèrent comme malhonnête ou peu fiable », en particulier les jeunes femmes. Selon Moore, les électeurs désabusés de Bernie Sanders voteront certes pour elle, mais sans élan et il n’y aura pas de mobilisation de leur part pour convaincre les indécis ou les abstentionnistes. Si tant est qu’ils se déplacent, les jeunes qui « n’ont aucune tolérance pour les discours qui sonnent faux », voteront sans doute pour un candidat indépendant. Et ce n’est pas le colistier centriste, agé et fade choisi par Hillary qui va les inciter à se mobiliser.

La dernière raison est ce que Moore appelle « l’effet Jesse Ventura », du nom de ce candidat outsider, président du Parti de la Réforme et ex-lutteur professionnel, élu gouverneur du Minessotta en 1998. « Élire Ventura a été leur manière de se moquer d’un système malade. La même chose risque de se produire avec Trump ». Un vote résultant de la colère accumulée, du désespoir, du rejet de la politique ploutocrate, de l’envie de jouir d’une des rares libertés de décision laissée aux citoyens et du malin plaisir de tenter de faire bouger les choses pour voir. « Des millions de gens seront tentés de devenir marionnettistes et de choisir Trump dans le seul but de brouiller les cartes et voir ce qui arrivera. » prophétise Michael Moore. Un pronostic qui pourrait tout aussi bien s’appliquer aux présidentielles françaises.

Le documentarise ne se départ cependant pas de son habituel optimisme. Dans son prochain billet, il promet d’évoquer le « talon d’Achille de Donald Trump » et les stratégies pour lui faire perdre l’élection. Tout espoir ne serait donc pas perdu.

Le billet de M. Moore dans le Huffington Post

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Temps de lecture : 3 minutes
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