11-05-18, Aix-en-Provence-Cabriès

Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.

Viviane  • 24 mai 2018
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11-05-18, Aix-en-Provence-Cabriès
3 MAi 2018, Sospel / Nice Le cortège de marcheur du jour est rejoint à l'entrée de Nice pour se rendre au centre ville sur la place Garibaldi.
© Romain ETIENNE/item

L'auteure : Viviane J'ai 25 ans, je suis originaire de Bretagne, j'ai fait des études de psycho. J'ai fait six mois de bénévolat à Calais puis j'ai été intégrée dans l'organisation de la Marche des migrants. Je ne sais pas où je serai dans six mois mais mon prochain projet est un voyage humanitaire au Togo. Mon père est vidéaste. Il m'a prêté sa caméra pour que je documente ce que je vis avec les marcheurs, mais je préfère écrire... Les photographes Le Collectif item est une structure de production indépendante qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière. Il rassemble aujourd’hui 12 photographes, un graphiste et une vidéaste, autour de l’impérieuse nécessité de raconter le monde, pour ne pas rester les yeux fermés. Leurs travaux peuvent être vus sur leur site ici{: target="_blank" style="background-color: rgb(255, 255, 255);" }.
Rencontre avec la communauté Emmaüs de Cabriès. Je me suis directement sentie bien en arrivant. Ils font de l’accueil inconditionnel. Seules les familles ne sont pas acceptées car la structure n’est pas adaptée pour les enfants. Tu rentres quand tu veux et tu pars quand tu veux, avec ou sans papiers, pour te reposer ou passer ta retraite jusqu’à ta mort. Là, on a monté les tentes sur le terrain qui fait office de salle de sport. Y a un sac de boxe, plein de vélos d’appartement, des poids, etc. Ils ne vivent que des dons des gens, aucune subventions de l’État. On (l’équipe logistique) a mangé avec eux à midi. « Quand c’est pas bon, ils nous le font savoir. On essaye d’avoir quelqu’un qui sait cuisiner à chaque fois mais des fois le cuistot préposé part en vadrouille. On a à chaque fois réussi à avoir quelqu’un de volontaire pour préparer à manger », a dit l’un des trois responsables du lieu. Les gens ont mangé à une vitesse folle ! En 10 minutes c’était plié.

C’est pour avoir un peu de temps de sieste avant de repartir travailler. Je ne sais pas exactement ce qu’ils doivent faire. J’ai entendu parlé de tri des dons, tenir un bar, tenir le hangar de vente. J’en ai vu un avec un pantalon plein de peinture. J’en ai vu un autre passer le début d’aprèm dans le petit préfabriqué sur le terrain de sport, musique à fond. Il y a un cuistot à la retraite qui a choisi de travailler deux jours et demi par semaine. Est-ce qu’ils doivent tout de même rendre des comptes à la communauté ? J’ai pas bien compris. Ce soir on va voir une pièce de théâtre sur le thème des migrants puis barbecue et frites maisons ☺ encore un petit paradis sur terre.

« On travaille 5 jours par semaine. Ce n’est pas du travail forcé. Je dois faire taxi, amener les gens chez le médecin, etc. Je dois payer mon loyer ici. J’ai 20 mètres carrés, d’autres ont 10 mètres. Avant j’étais chauffeur poids lourds, maintenant je suis à la retraite. Ya des jours où je travaille de 7h à 17h d’autres ou c’est plus calme. Je suis heureux ici, c’est ma famille. » Voilà ce que j’ai retenu d’une discussion avec un compagnon Emmaüs. Demain petit déj à 7h15.

© Politis
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Temps de lecture : 2 minutes
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