21-06-18, Paris-Sarcelles

Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.

Viviane  • 23 juin 2018
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21-06-18, Paris-Sarcelles
Photo : étape de Belleville-sur-Saône à Mâcon, le 28 mai 2018. Arrivée à Mâcon.
© Crédit : Nicolas Leblanc / item

L'auteure : Viviane J'ai 25 ans, je suis originaire de Bretagne, j'ai fait des études de psycho. J'ai fait six mois de bénévolat à Calais puis j'ai été intégrée dans l'organisation de la Marche des migrants. Je ne sais pas où je serai dans six mois mais mon prochain projet est un voyage humanitaire au Togo. Mon père est vidéaste. Il m'a prêté sa caméra pour que je documente ce que je vis avec les marcheurs, mais je préfère écrire... Les photographes Le Collectif item est une structure de production indépendante qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière. Il rassemble aujourd’hui 12 photographes, un graphiste et une vidéaste, autour de l’impérieuse nécessité de raconter le monde, pour ne pas rester les yeux fermés. Leurs travaux peuvent être vus sur leur site ici.
Départ de la Porte de la Chapelle. Nous étions 150. Ça m’a fait bizarre de chanter les slogans le matin.

J’ai vu Chrystelle qui croisait les bras. Elle m’a raconté qu’elle comprenait mieux pourquoi elle était mal vue lorsque qu’elle venait chercher des couvertures à l’entrepôt à Calais. Elle a discuté avec une autre marcheuse qui vient de l’asso qui gère le stock là-bas. Malgré sa place à responsabilités, elle n’était pas au courant qu’à Paris, c’était la galère pour trouver un endroit pour stocker quoi que ce soit à cause du prix exorbitant du loyer. Chrystelle était aussi frustrée de voir toutes ces personnes prêtes à venir marcher mais personne pour venir aider. Son asso n’avait que trois bénévoles pour préparer le petit déjeuné pour 200 personnes ce matin.

J’ai ensuite rêvé, avec Simon, de ce qu’on allait faire après la marche. Une chose est sûre, on ne veut pas s’encrouter dans une vie normale avec un job alimentaire. Nous sommes prêt à être en marge de cette société qui ne nous convient plus… Après cette discussion, j’ai réalisé que je marchais à côté d’un migrant qui ne souhaite que s’intégrer et avoir un job pour manger…

J’ai ensuite sauté dans le camion logistique pour l’aprem et ça valait vraiment le coup. J’ai trouvé un masque en carton de Marine Le Pen dans un magasin entre des drapeaux français et des gobelets bleus blancs rouges. Chacun a le droit de supporter la France à sa manière même si c’est glauque, oui, oui. Il trône maintenant derrière le par-brise à côté des flyers de la marche. J’ai imaginé manifester avec ça sur la tronche mais j’ose pas. À noter qu’il y avait aussi un masque de François Hollande, d’Obama, de Fillon et de la reine d’Angleterre, mais pas de Macron. Pourquoi ?

Posée sur mon matelas dans le gymnase de Sarcelles, je me suis fait chatouiller 4 fois les pieds en moins d’une heure en écrivant tout ça. « Mais ils ont l’air trop doux ! » a dit Roxane. Mouais, je vous pardonne parce que je vous aime.

© Politis
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Temps de lecture : 2 minutes
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