Les Alternatifs et le féminisme

Deux cents militants et sympathisants se sont retrouvés dans la Drôme pour l’université d’été des Alternatifs. Témoignage d’Alain Touleron.

Alain Touleron  • 11 septembre 2008 abonné·es

En écoutant le bilan à chaud tiré en petits groupes le dimanche 24 août, on percevait la satisfaction des participants à cette université d’été des Alternatifs, tenue cette année à Sainte-Croix (Drôme) et consacrée au féminisme. Succès d’audience et succès sur le fond, avec huit demi-journées de travail centrées sur un même thème, évitant ainsi d’en rester aux généralités. Ce succès est lié à une préparation décentralisée menée depuis près de deux ans par les équipes de Drôme-Ardèche et des Alpes-Maritimes. Un travail qui a permis d’apporter beaucoup de matière sur une thématique qui restait faiblement prise en charge chez les Alternatifs, et de trouver des formes de travail adaptées.

La forme rejoignant le fond, tout au long de l’université d’été, ont pu être expérimentées des techniques d’animation et de prises de parole favorisant l’expression de tous et toutes. Dans le même but, peu de « têtes d’affiche » étaient présentes, mais plutôt des chercheuses et chercheurs moins connus, des militantes et militants associatifs. Enfin, la volonté de ne pas séparer le « politique » du quotidien s’est traduite par la prise en charge collective des tâches matérielles. Et plus de fastidieux comptes rendus d’ateliers en séance plénière, remplacés par des articles dans la gazette quotidienne…
Sur le fond, après le film Debout, une histoire du Mouvement de libération des femmes, qui a permis de donner un ancrage historique, la journée du jeudi a pu questionner l’actualité du féminisme, autour de la nécessité de sortir les violences conjugales de la seule sphère privée et du projet de loi-cadre contre les violences faites aux femmes, élaboré, entre autres, par le Collectif national des droits des femmes. L’actualité des luttes sur l’IVG et l’avortement a également été abordée, ainsi que la prostitution, permettant d’approfondir le débat réglementarisme/abolitionnisme.

Le vendredi a tourné autour du thème « Construction de l’identité, sexe et genre », cadré en plénière par une présentation des différentes acceptions possibles du genre (« sexe culturel ou social », produit d’une domination culturelle ou de rapports sociaux ?). Sept ateliers ont creusé des questions liées à la représentation de genre dans l’éducation des jeunes enfants, dans la culture ou les médias, et dans toutes les sphères de la vie sociale, qui fige le rôle dévolu aux uns et aux autres. Une représentation battue en brèche par les transidentités, thème également abordé. La poursuite des pratiques visant une réelle égalité dans les institutions et dans le travail complétait cette journée, ainsi qu’un atelier abordant la question des freins liés à la religion et la façon de les aborder.
La journée du samedi ouvrait sur les perspectives et l’actualité des pratiques, avec notamment la lutte des femmes sans papiers, des expériences internationales liant luttes des femmes et autogestion, l’obtention de l’égalité des droits en matière d’homoparentalité, ainsi que la progression des pratiques féministes au sein des lieux militants.

Enfin, même si le thème du féminisme a structuré cette université d’été, d’autres thèmes ont été traités, comme la politisation des jeunes, la défense de l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire, lors d’un débat public à Die le 21 août. Un débat avec les plus proches partenaires politiques a été organisé le 23 août sur les moyens de progresser ensemble sur le projet alternatif, et dans le même temps sur les formes possibles d’organisation commune des forces portant ce projet. Il a réuni notamment Armelle Chevassus, porte-parole des Collectifs unitaires (Cual), Gilles Alfonsi pour les Communistes unitaires, et Magali Braconnot pour Les Alternatifs (François Simon, de l’Alternative en Midi-Pyrénées, ayant été retardé). Au-delà de la nécessaire construction d’un front large de la gauche de transformation sociale (dessiné notamment au travers de l’Appel de Politis ), les intervenant-e-s partagent la volonté de structurer davantage l’espace de la gauche alternative autour de l’élaboration d’un projet autogestionnaire, féministe et écologiste.

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