Les nouveaux damnés de la terre

Le Salon de l’agriculture, vitrine chatoyante, masque une réalité accablante. Près de 40 % des agriculteurs vivent avec un revenu inférieur au Smic. Ils sont des dizaines de milliers à tenter de survivre, péniblement.

Claude-Marie Vadrot  • 19 février 2009
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Illustration - Les nouveaux damnés de la terre

Muller/AFP

Le Salon de l’agriculture ouvre ses portes à Paris le 21 février. Avec ce slogan qui fait la fierté de son président, Jean-Luc Poulain : « Génération agriculture : produire aujourd’hui, nourrir demain, respecter toujours ». Cela ne veut pas dire grand-chose, mais le message sonne bien, et le visiteur peut s’y laisser prendre. Cela établit surtout que l’agriculture dominante mise sur la communication plutôt que sur l’information pour redorer l’image d’une industrie agroalimentaire dont les Français se méfient de plus en plus. Une fois de plus, le public sera donc abreuvé d’images rassurantes du fameux Concours général, couronnant de plus de 1 500 médailles d’or des taureaux énormes, quelques vaches plantureuses (fournissant un lait dont les prix ne cessent de baisser), des brebis dodues (dont l’élevage ruine des paysans qui tentent de lutter contre les conséquences du dumping en provenance de Nouvelle-Zélande).

Il sera moins directement question de la crise qui affecte une bonne part des agriculteurs. Réduits, de plus en plus souvent, au Smic, au RMI, à d’autres minima sociaux plus dérisoires encore, certains, acculés à la faillite, abandonnent leur exploitation ou leur maison. Pour rejoindre la cohorte des chômeurs chichement indemnisés. La situation n’est pas nouvelle. Mais, d’année en année, elle s’aggrave. Il y a cinq ans, déjà, une étude du Credoc constatait que dans 40 % des exploitations agricoles le revenu ne permettait pas de dégager une rémunération supérieure au Smic pour le chef d’exploitation ni pour ses aides familiaux non salariés.

Si beaucoup s’acharnent à maintenir leur activité, c’est qu’elle leur procure deux avantages de survie : l’autoconsommation, pratiquée par plus de 80 % d’entre eux, et la jouissance d’un logement dont beaucoup sont propriétaires. Chiffres et témoignages, accablants, démontrent qu’en France, trop de paysans sont les nouveaux damnés de la terre.

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