Un objecteur de croissance tête de liste

Vincent Cheynet et Paul Ariès sont respectivement rédacteur en chef de la Décroissance et
directeur de la rédaction du Sarkophage. Ils sont également objecteurs de croissance, au front de gauche et au NPA.

Paul Ariès  et  Vincent Cheynet  • 12 février 2009 abonné·es

L’écologie politique est menacée de disparition coincée
entre une droite Grenello-compatible et des Verts ralliés
à Dany-le vert métamorphosé en Dany-l’orange.
La gauche radicale est aussi menacée de disparition,
comme le note Jean-Luc Mélenchon, en raison de l’alignement
du Parti socialiste sur l’idéologie des « nouveaux démocrates ».
Nous qui ne voulons ni d’une troisième gauche socialo-libérale
ni d’une troisième voie écolo-libérale, nous devons nous unir.
Les milieux de la décroissance et de l’antiproductivisme lancent depuis Lyon un appel solennel au front de gauche et au NPA.
Les Objecteurs de croissance sont prêts à prendre toute
leur place au sein de cette convergence pour dire non
à l’Europe libérale et productiviste, et pour avancer
vers un projet assumant à la fois les contraintes
environnementales, la justice sociale et la lutte contre
la société du mépris.

Cette crise peut être l’occasion historique de rappeler que
l’enjeu n’est pas de relancer la machine pour faire grossir
le gâteau mais d’en changer la recette. Nous nous félicitons
de l’appel du Parti de gauche à remettre en cause le nucléaire.
Nous revendiquons avant tout une décroissance des inégalités sociales en mettant en débat l’idée d’un revenu minimum garanti européen couplé
à un revenu maximal. Nous voulons faire
du réseau international des Villes lentes
et de Slow Food les exemples d’une politique
de relocalisation et de réappropriation
de nos vies. Il est possible de rendre
notre projet désirable par le plus grand nombre. Si aucun accord national n’est possible
entre le NPA et le front de gauche,
les objecteurs de croissance ainsi que
les réseaux antiproductivistes
et anticonsuméristes, qui débattent
depuis des semaines avec les uns
et les autres dans la perspective d’une participation
aux élections européennes, appellent à faire régionalement exception.

La région Rhône-Alpes peut devenir pour des raisons historiques
un lieu d’expérimentations politiques de cette gauche radicale
qui assume pleinement la remise en cause des modèles croissancistes et productivistes. Nous proposons de réserver une tête de liste régionale à un objecteur de croissance afin de témoigner
que la gauche en a fini avec son passif productiviste et permettre ainsi ce mariage si difficile entre les questions écologiques
et sociales. Les objecteurs de croissance font cette proposition
parce qu’ils sont justement convaincus que la décroissance
n’est pas la petite grenouille qui aurait vocation à devenir
aussi grosse que le bœuf, parce qu’ils savent que les questions
qu’ils posent sont incontournables pour reconstruire
une alternative. Aux partis de gauche de prouver qu’ils prennent
au sérieux la question écologique et que, face au « capitalisme vert », ils ont vraiment du neuf à construire. Les Objecteurs de croissance veulent croire en cette convergence possible.

Nous devrons autrement en tirer les leçons et travailler
avec tous les antiproductivistes pour nous doter
d’un outil politique capable de porter notre projet.

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