Polémique autour du procès du centre de rétention de Vincennes

Le procès des dix étrangers en situation irrégulière accusés d’avoir mis le feu au centre de rétention de Vincennes débutait ce lundi au tribunal correctionnel de Paris. Reportage au milieu des citoyens, militants et avocats venus soutenir les prévenus et protester contre la politique du gouvernement sur l’immigration.

Xavier Frison  et  Léa Barbat  • 25 janvier 2010 abonné·es
Polémique autour du procès du centre de rétention de Vincennes

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La foule se presse devant les portes closes de la 16e chambre du Tribunal correctionnel de Paris. Il est déjà 13h30 mais elles n’ouvriront pas de si tôt : un des prévenus, arrêté lors d’un contrôle d’identité à la Gare du Nord le jour même, manque à l’appel. Amère ironie pour les citoyens et militants venus en soutien aux sans-papiers.

Emma, jeune étudiante, à califourchon sur un banc, a fait le déplacement depuis Bordeaux : « Des amis à moi font partie du mouvement de solidarité aux détenus. Ces centres sont des prisons. Il en existe en Italie, dans toute l’Europe… Il faut qu’ils ferment. »

Pour Maître Laurence Bedossa, avocate de l’un des dix prévenus, ce procès est contraire aux procédures françaises et européennes :

Sentez-vous un durcissement de la législation ?

Trois demi-journées, est-ce suffisant pour un procès équitable ?

Anne-Marie Desfoux, militante RESF, renchérit : «  Il n’y aucune preuve de leur culpabilité et dans cette confusion, ils servent de bouc-émissaire. Nous sommes là contre les centres de rétention, qui sont de véritables prisons pour étrangers. Le seul fait qu’on leur reproche, c’est de ne pas avoir de papiers. Je suis peu confiante sur l’issue du procès, compte tenu de la politique actuelle en matière d’immigration »

Marc Naelten, militant RESF Paris 5e-13e, revient lui sur les problèmes posés par les centres de rétention :

Marie-José Riou, de la Cimade, s’interroge : « Est-on vraiment sûr que les inculpés soient intervenus dans cette affaire ? Dans les centres de rétention, les gens sont en détresse, à cran. Rétention, c’est un mot élégant pour ne pas dire détention. Je pense qu’ils écoperont du maximum de peine et qu’en plus, ils seront renvoyés chez eux. C’est ce qu’on appelle la double peine. »

Claude Ruau, de Mantes-La-Jolie, retraité, est venu assister au procès à titre individuel. il estime qu’il n’y a « aucune preuve » :

Le procès, qui ne durera que trois demi-journées, s’ouvre donc dans un contexte tendu. Les associations de soutien aux sans-papiers appellent à une forte mobilisation sur place [^2].

[^2]: Palais De Justice, 4 Boulevard du Palais, Paris Ier,‎ métro Cité, à partir de 13h, mardi 26 et mercredi 27 janvier.

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