Dîner de cons à Washington

Sarko, à oilpé dans les sondages et contesté dans sa majorité, est donc allé glaner quelques éclaboussures de gloire à la Maison Blanche ; mais de ce dîner privé et très médiatisé avec Obama, qui selon vous va payer l’addition ?

Bernard Langlois  • 3 avril 2010
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Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve humiliante cette façon qu’a eu notre Président dévalué d’aller mendier un petit regain de notoriété auprès d’un chef d’Etat américain tout requinqué, lui, après la réussite de sa réforme sur la santé publique.

Illustration - Dîner de cons à Washington

On imagine bien les négociations laborieuses entre les équipes diplomatiques des deux pays pour mettre au point le protocole de la rencontre : tapis rouge et dîner privé, attention ! « Même Merkel et Brown n’ont pas eu droit à de tels égards » , ont fait valoir les chargés de propagande de l’Elysée, soigneusement repris en boucle par notre presse respectueuse.

Enfin, pas toute respectueuse, heureusement.

Il reste quelques plumes non serves pour ne pas tomber dans le panneau, comme celle de Schneidermann, qui traite le sujet avec assez de drôlerie. Et s’il n’emploie pas l’expression « dîner de cons » ici utilisée en référence à la pièce et au film célébrissimes de Francis Veber, le confrère y pense très fort, en agrémentant son papier de la photo ci-dessous, tirée du dit- film.

Illustration - Dîner de cons à Washington

Mais pourquoi « dîner de cons » , me demanderez-vous? (Pour savoir qui est le con, pas besoin, je suppose, de vous faire un dessin).

Eh bien, parce que dans le domaine des relations internationales, on n’a rien sans rien.

Et si Barak Obama a consenti à recevoir avec quelque éclat ce type qui l’exaspère avec sa chanteuse aphone, c’est qu’il compte bien sur un renvoi d’ascenseur. Et pas qu’un dîner en retour à l’Elysée, dont il se contrefiche.

C’est le New-York Times qui vend la mèche, repris par Courrier international qui change juste le titre : « What France Can Do » , dit le quotidien américain. Plus direct, l’hebdo français avance : « Obama présente l’addition à Sarkozy » .

Extrait : « De tous les pays de l’OTAN qui ne manquent pas d’instructeurs militaires qualifiés, la France est l’un des rares à disposer de forces de combat éprouvées. Nicolas Sarkozy a répété à plusieurs reprises qu’il soutenait l’action de l’OTAN en Afghanistan. Il vient encore de le faire. Mais la meilleure façon de le prouver serait encore de dépêcher de nouvelles troupes de combat. »

Quelques jeunes Français supplémentaires tomberont donc d’ici peu dans les steppes afghanes. Pour rien.

Comment ça « pour rien » ? Et la cote de popularité de notre Petit Père des Riches (toujours juché sur son bouclier fiscal) alors ?

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