Un apéro avec Rioufol

Ivan Rioufol, bloc-noteur vendredique au Figaro (de Serge Dassault, de l’UMP), a bien sûr été scandalisé par l’interdiction de l’ « apéritif “saucisson et pinard” qui devait se tenir ce 18 juin » à la Goutte d’Or, à Paris : cette interdiction est de son point de vue la preuve – après tellement d’autres qu’il ne les compte plus – de l’ « intolérance » des « antiracistes » – ces vilaines gens, tu sais, qui s’émeuvent quand le bloc-noteur vendredique du Figaro (de Serge Dassault, de l’UMP) se laisse aller, semaine après semaine, assez obsessivement, à des considérations d’où ressort, globalement, que la vie serait tellement plus [consanguine] facile sans ces millions d’Arabo-musulmans qui viennent, jusque dans nos bras, nous altérer [l’endogamie] la francité (de souche).

Ce qui est, là, intéressant, est qu’Ivan Rioufol est de ces clercs (dominants) de gros niveaux (C(D)DGN) qui depuis des ans vont bramant que la gauche antiraciste est aussi, au fallacieux prétexte d’un « antisionisme » qui sent très fort la duperie, un peu antisémite, quand elle compatit au sort des Palestiniens(ne)s – et que d’ailleurs, autant l’énoncer clairement : « La cause palestinienne […] suscite […] des attitudes de discrimination qui se rapprochent de l’antisémitisme [^2]. »
Or, qui trouve-t-on, parmi les organisateurs de l’« apéritif “saucisson et pinard” » qui a fait si fort bicher Ivan Rioufol avant que des rascals ne le fassent interdire ?

On trouve le Bloc identitaire, qu’Ivan Rioufol, soudain pudique, regarde comme un « mouvement populiste » , mais qui a tout de même ceci de particulier qu’un de ses chefs, musicien dans l’âme, a été le bassiste d’un rafraîchissant groupe folklorique, Fraction Hexagone, qui a réclamé naguère, dans une de ses chansons : « Une balle pour les sionistes, une balle pour les cosmopolites. »

Et donc, Ivan Rioufol, en orwellien de stricte obédience, hésite rarement à inventer aux militants pro-palestiniens de gauche «  des attitudes qui se rapprochent » d’un « antisémitisme » antisioniste – sans jamais produire, et pour cause, la moindre preuve tangible qu’ils seraient pour de bon racistes. Mais, en revanche, dans le même temps, Ivan Rioufol n’éprouve apparemment aucune espèce de véritable répugnance à la perspective de saucissonner avec des gens – simples « populistes » , d’après lui – qui ambitionnent de tirer sur les « sionistes, […] cosmopolites ».

Et on peut considérer, au choix, que ça relève seulement du coutumier foutage de gueule des C(D)DGN – ou que ça nous dit quelque chose de plus précis sur le fond de sauce du bloc-noteur vendredique du Figaro (de Serge Dassault, de l’UMP).

[^2]: Le C(D)DGN s’identifie, dans l’époque, à ce qu’il rait tous les deux matins que si tu es d’un avis trop différent du sien, tu es un peu nazi : voir, pour de plus vastes précisions, la récente production d’Alain Finkielkraut, de Bernard-Henri Lévy ou de Philippe Val.