1er mai : découvrez l’auteur mystère de ce discours sur le travail…

… auquel ressemble à s’y méprendre celui que Nicolas Sarkozy a prononcé le 24 avril !**

Erwan Manac'h  • 25 avril 2012
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1er mai : découvrez l’auteur mystère de ce discours sur le travail…

Résultats : Philippe Pétain.


Dans son discours de Longjumeau, mardi 24 avril,  Nicolas Sarkozy s’est adressé au  « peuple qui souffre » , expression qui vise les électeurs de Marine Le Pen (17,9%), dont il a cruellement besoin pour être réélu dimanche 6 mai. Cet électorat, qui, selon le président sortant,  « ne supporte pas l’injustice qui veut que celui qui ne travaille pas peut gagner dans certaines conditions davantage que celui qui travaille. »

Au cours de ce discours, il est revenu sur sa vision du « vrai travail », qu’il entend célébrer le mardi 1er mai 2012, par un rassemblement sous la tour Eiffel,  « pour fêter le travail et les gens qui travaillent. »  Extraits :

« Pour nous, le travail libère, c’est le chômage qui aliène.  (…)  La France à laquelle je veux m’adresser, c’est la France qui, quand elle a un problème, ne se plaint pas. Quand elle a une difficulté, ne manifeste pas.  (…)  Parce qu’elle est fière, parce qu’elle est pudique et parce qu’elle sait, cette France-là, qu’avant de compter sur les autres, il faut compter sur soi-même. Voilà la France qui aime le travail ! Cette France-là, elle a tout de suite compris que les 35 heures, c’était un mensonge ! Que le ministère du temps libre, parce qu’on a eu à subir cela aussi, c’était une baliverne ! Le bonheur est au bout de l’effort, pas au bout de la facilité. »

Lire le discours en intégralité.

Et maintenant, qui a dit ceci ?

« Le 1er mai a été jusqu’ici un symbole de division et de haine. Il sera désormais un symbole d’union et d’amitié parce qu’il sera la fête du travail et des travailleurs. Le travail est le moyen le plus noble et le plus digne que nous ayons de devenirs maîtres de notre sort. Le travail répond à cette loi sévère de la nature que rien ne s’obtient sans effort. (…)

_ Discours prononcé à Commentry le 1er mai 1941.

C’est donc à tort qu’on a fait luire à vos yeux le mirage d’une cité future où il n’y aurait plus de place que pour le plaisir et pour le loisir. Mais si le travail est pour l’homme un fardeau, il est aussi un bienfait : il est, en effet, une condition de la bonne santé morale et physique, de l’équilibre et du développement des facultés humaines. C’est une erreur de croire que l’on puisse conserver intacts ces dons ou ces facultés dans l’oisiveté. Nous ne développons nos capacités et n’augmentons nos forces que par l’exercice que nous leur donnons. »

_ Discours prononcé à Saint-Etienne le 1er mars 1941.

Vous l’avez presque unanimement reconnu, ce discours a été prononcé par le Maréchal Philippe Pétain. Second extrait, au sujet des syndicats :

« Ouvriers, mes amis, n’écoutez plus les démagogues ! Ils vous ont fait trop de mal. Ils vous ont nourri d’illusions ; mais ils n’ont rien fait d’efficace pour améliorer la condition des travailleurs, parce que, vivant de leur révolte, ils avaient intérêt à encourager ses causes. (…)

Il faut mettre fin à cet esprit revendicatif qui, passant du social au politique et respectivement, nous a perdu parce qu’il a dissocié et décomposé les mœurs et les pratiques qui sévissaient dans les rapports du capital et du travail, procédant des mœurs et des stratagèmes du régime des partis, qui étaient autant de syndicats politiques. »

_ Discours prononcé à la séance inaugurale du Comité d’organisation professionnelle, le 4 juin 1941.

Petite comparaison au passage :

A propos des syndicats qui « font de la politique » , Henri Guaino, invité de la matinale de France Inter, lundi 23 avril, a donné des explications sur la fête du « vrai travail » organisée par l’UMP :

« Le 1 er mai n’appartient pas au parti socialiste et aux syndicats. Il y aura désormais la fête de permanents syndicaux et la fête des travailleurs. Ça ne s’adresse pas aux syndiqués, mais à ceux qui prétendent les représenter en prenant des positions politiques. Mr Chérèque  [secrétaire général de la CFDT] a des engagements politiques, il ne faut pas qu’il s’étonne qu’on lui réponde. Moi je lui dis qu’il ferait mieux de s’occuper de ses mandants. »

Revoir l’émission.

Politique
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