Un 1er-Mai très anti-Sarkozy

Le traditionnel défilé du 1er mai avait cette année une couleur anti-sarkoziste, à 5 jours du second tour de la présidentielle. Reportage.

Denis Sieffert  • 1 mai 2012
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Un 1er-Mai très anti-Sarkozy
© Photo : AFP / Jacques Demarthon

Alors qu’une foule compacte se pressait, avant 15h déjà, de la place Denfert-Rochereau à Port-Royal, les conversations allaient bon train à propos du 2e tour de la présidentielle. Comme prévu, la manifestation de ce 1er mai 2012 était avant tout anti-sarkozy. À Port Royal, où s’étaient donnés rendez-vous les militants du Front de gauche, on avait ressorti les banderoles « Casse-toi pauv’con ! ». Pas très « syndical », mais efficace. Une forêt dense de drapeaux rouges du PCF et du Parti de gauche s’agitait en haut du Boulevard Saint-Michel.

Dans la foule, on commentait encore le résultat du 22 avril. Les militants avaient retrouvé le moral après — on le reconnaissait volontiers — une légère déprime au soir du 1er tour. « C’est finalement un score qu’on n’espérait pas il y a trois mois » , estimait un militant au milieu d’un petit groupe en grande conversation. Tandis que, non loin de là, Jean-Paul Huchon, le président socialiste de la région Ile-de-France, un peu égaré, semblait chercher le cortège du PS là où il n’était pas.

Un peu plus loin, Jean-Luc Mélenchon, qui devait rejoindre les dirigeants du PCF, Pierre Laurent et Marie-George Buffet, s’apprêtait à manifester en queue de cortège « derrière les organisations syndicales » . L’ex-candidat a accusé la droite et l’extrême-droite d’être des « usurpateurs », « le 1er Mai est rouge depuis toujours » , a-t-il affirmé. Les drapeaux, à Port-Royal, étaient aussi verts, là où les militants d’EELV s’étaient réunis autour de Cécile Duflot, Eva Joly et Jean-Vincent Placé.

Pour certains, la journée avait commencé au pied du pont du Carrousel, où quelque trois cents personnes avaient rendu hommage, en fin de matinée, à Brahim Bouarram, ce jeune Marocain, jeté à la Seine et noyé par des nervis du Front national, le 1er mai 1995. Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly participaient à cette commémoration.
Cette ambiance très politique contrastait presque avec la banderole de tête de manif, déployée devant les leaders syndicaux, au slogan très traditionnel et plutôt neutre : « Pour la solidarité internationale et le progrès social ». Quelques mètres derrière, défilaient Bernard Thibault (CGT), François Chérèque (CFDT), Annick Coupé (Solidaires), Bernadette Groison (FSU) et Luc Bérille (Unsa). Mais les tracts de la CGT restituaient bien le caractère politique de la journée : « Le quinquennat qui s’achève restera dans les mémoires parmi les pires que la France ait connu » . Ce qui avait amené logiquement le leader de la CGT, Bernard Thibault à indiquer sans ambiguïtés qu’il voterait pour François Hollande, le 6 mai. Sud n’était pas en reste, en dénonçant « les dégâts du sarkozysme et du Medef » . D’où un début de polémique entre la CGT et François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, qui estimait devant micros et caméras que son syndicat n’avait pas à donner de consignes de vote.

Difficile de donner un chiffre de participation à la manifestation parisienne. Ce qui est sûr, c’est que la mobilisation était déjà considérable en début d’après-midi. Comme elle l’avait été quelques heures plus tôt dans les régions. Vers 16h45, alors que les premiers manifestants atteignaient la place de la Bastille, l’ensemble de l’itinéraire était encore couvert de monde…

Politique
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