Éloge du mouvement social

Le bandeau entourant le dernier ouvrage de Pierre Laurent sonne comme une promesse : « Front de gauche : quel avenir ? » Le discret secrétaire national du Parti communiste, également président du Parti de la gauche européenne, n’y répond pas tout à fait. C’est que le destin du mouvement, conglomérat de différentes tendances de la gauche de la gauche, est entre mille mains… Quatre mois après l’élection de François Hollande, Pierre Laurent prend la plume pour revenir sur les batailles victorieuses du Front de gauche, révélation de la campagne présidentielle et « ressuscitateur » d’un PCF en voie de décomposition. Il brosse à grands traits celles à venir : mondialisation, industrie, emploi, écologie… Sur le fond, les aficionados du Front de gauche ne seront pas surpris : mieux vaut la coopération que la compétition, la relance à l’austérité, la VIe République à l’hyperprésidentialisation…

Définir la meilleure stratégie est une autre affaire. « Le Front de gauche ne doit surtout pas se tenir en réserve de la République, cantonné à compter les points», avertit Laurent, qui appelle à ne pas « se bunkeriser pour mener une guerre de tranchées ». Ni opposition ni majorité… Difficile équation. Surtout que « nous n’avons pas encore convaincu jusqu’aux urnes », reconnaît-il, référence à la déception des législatives. Au fond, le principal mérite de l’ouvrage est de réhabiliter le mouvement social, seul capable de  « reprendre le dessus sur les forces de l’argent et de la finance ». « L’hégémonie ne se gagne pas en un dimanche d’élections. Elle se conquiert dans et à travers la lutte sociale », affirme de même Alexis Tsipras, porte-parole de Syriza, qui signe la préface. Plus qu’une stratégie, une doctrine politique.