Israël : le défi à Barack Obama

Les ministres du gouvernement d’extrême droite ont multiplié les provocations à la veille de la visite du président américain.

Denis Sieffert  • 21 mars 2013 abonné·es

Il s’en est fallu de peu que Barack Obama n’arrive mercredi en Israël dans un pays sans gouvernement. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, reconduit à son poste après des élections mal gagnées et d’interminables tractations, a finalement prêté serment lundi devant la Knesset, soit deux jours seulement avant l’arrivée du président américain.

Les discours prononcés lors de cette cérémonie d’investiture ont sonné comme un défi au visiteur. «   La principale priorité du nouveau gouvernement est la défense et la sécurité de l’État et de ses citoyens », a affirmé Benyamin Netanyahou, évoquant «   les très graves menaces » provenant selon lui de Syrie, et surtout d’Iran. Claire allusion à un dossier qui est au centre d’une sérieuse divergence avec l’administration américaine. Quant au nouveau vice-ministre de la Défense, Danny Danon, représentant du lobby des colons, il a annoncé son intention « de renforcer la colonisation ». Mais c’est le nouveau ministre du Logement, Uri Ariel, numéro deux du Foyer juif, le parti des colons, qui est allé le plus loin en affirmant qu’il « ne peut y avoir qu’un seul État entre le Jourdain et la Méditerranée, c’est Israël ». Ce qui donne une idée de la nature du nouveau gouvernement, qui s’appuie sur une majorité de 68 députés sur 120. M. Netanyahou a dû renoncer à son alliance traditionnelle avec les partis religieux pour former une coalition avec le parti Yesh Atid (« Il y a un avenir ») de Yaïr Lapid et le Foyer juif de Naftali Bennett. Ces deux mouvements totalisent 31 députés. Mais ce sont les amis de M. Bennett qui détiennent les ministères clés pour intensifier la colonisation, notamment le Logement.

Il est peu probable dans ces conditions que Barack Obama se lance dans une nouvelle épreuve de force diplomatique face à des ministres qui ont pris soin d’afficher leur doctrine extrémiste avant son arrivée. Dans ce sombre décor, une petite lumière est venue lundi d’une mission d’experts mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui a demandé à Israël de « cesser immédiatement et sans condition préalable la colonisation, ainsi que d’initier un processus de retrait des colons ». Comme si on commençait à prendre conscience que le moment n’est plus très éloigné où l’idée de deux États deviendra impraticable. Les discours des nouveaux ministres israéliens témoignent cependant de leur mépris pour ces missions et de leur sentiment d’impunité. On attend de Barack Obama et des Européens qu’ils changent de ton. Dimanche, le Tribunal Russell sur la Palestine, qui tenait sa dernière session à Bruxelles, a réclamé que la Cour pénale internationale (CPI) enquête sur les « crimes » d’Israël dans les Territoires palestiniens. La saisine du CPI est désormais rendue possible par le nouveau statut de la Palestine, État observateur non-membre de l’ONU. Le tribunal a également demandé à l’Union européenne de suspendre son accord d’association avec Israël. Sera-t-il enfin entendu ?

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