A Paris, Danielle Simonnet continue la présidentielle

La candidate a affiché les ambitions de sa liste, hier, lors d’un premier meeting en présence de Jean-Luc Mélenchon, «candidat commun» du Front de gauche en 2012.

Michel Soudais  • 30 novembre 2013
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A Paris, Danielle Simonnet continue la présidentielle

Le pari était osé. Il est réussi. Pour son premier meeting de campagne, le Front de gauche parisien, amputé du PCF qui a choisi de faire liste commune avec Anne Hidalgo, a rempli sans difficulté le gymnase Japy autour de sa candidate, Danielle Simonnet, 42 ans, conseillère de Paris (Parti de gauche), ses têtes de liste dans les vingt arrondissements, et Jean-Luc Mélenchon. L’ancien « candidat commun » a d’emblée placé la campagne municipale dans la continuité de sa campagne de 2012. Un prolongement revendiqué jusque dans l’intitulé de la liste, « A Paris, place au peuple ! »

« La campagne présidentielle que nous avons mené continue dans l’élection municipale, a-t-il lancé. C’est le même fleuve qui continue son chemin et surmontera aujourd’hui encore tous les obstacles qui seront mis sur notre chemin. »

**Persuadé que « le Front de gauche est en train de s’élargir à la base », Jean-Luc Mélenchon a souhaité qu’il s’ouvre aux *« milliers d’électeurs socialistes désemparés » et demandé aux militants de « les accueillir sans leur donner des leçons » , « sans condition » . Avouant son « chagrin » que toutes les composantes du Front de gauche ne soient « pas ensemble » à nouveau, il a exhorté les quelques 1.000 personnes présentes, drapeaux rouges du Front de gauche à la main pour plusieurs d’entre elles, à « ouvrir les bras » et être « fraternelles » , avant d’appeler les militants du PCF parisien à « rompre les rangs et les attaches » qui les lient par des « accords avec les socialistes au premier tour » , comme l’ont déjà fait, selon lui, « la plupart des communistes » .

Une force qui veut compter

Un peu plus tôt , c’est une comédienne connue pour son engagement aux côtés des communistes, Sophie de La Rochefoucauld[^2], qui, en qualité de co-présidente du comité de soutien, avait présenté les 20 têtes de liste. L’une d’elles, Xavier Duchaussoy, un militant communiste qui mènera la liste dans le XVIIe arrondissement, avait eu droit à une standing ovation .

« Imaginez ce que serait la gauche** s’il n’y avait pas le Front de gauche »* , a encore demandé Jean-Luc Mélenchon. Avant de confier, quelques minutes plus tard, que le score que fera la liste conduite par Danielle Simonnet « va déterminer la suite » . En 2012, 110.000 voix s’étaient portées sur son nom dans la capitale, installant le Front de gauche comme la troisième force politique à Paris : « Si vous êtes capables de remobiliser, vous serez de 15 à 20% le soir du premier tour et vous aurez les clés de Paris. »

Illustration - A Paris, Danielle Simonnet continue la présidentielle

Le logement, problème numéro un

« Ce scrutin a une dimension nationale.** Nous l’assumons et le revendiquons »* , avait affirmé auparavant Danielle Simonnet, prenant le contrepied du PCF parisien. La candidate à la mairie de Paris s’est adressé également « aux électeurs socialistes qui ne voulaient pas » du traité de stabilité budgétaire, de la casse du code du travail, de la retraité à 66 ans, de la chasse aux sans-papiers. « On n’a pas viré Sarkozy pour que la même politique se poursuive! » a-t-elle lancé. Convaincue que ceux qui ne sont pas d’accord avec la politique du gouvernement iraient « grossir l’abstention ou alimenter le vote FN » s’il n’y avait pas de « bulletin Front de gauche » , elle a rappelé que la « première bataille » de sa liste sera d’ « empêcher la droite de reprendre Paris » et de « contribuer à battre l’extrême droite » .

Le logement , présenté comme « le problème numéro 1 à Paris » , figure sans surprise en tête de son programme. « Paris est trop cher, Paris est une ville inégalitaire et il n’y a aucune fatalité à cela » , a-t-elle déclaré en dénonçant l’absence de lutte contre la spéculation immobilière. Citant les 70.000 logements sociaux construits durant la mandature, elle pointe la diminution parallèle du « nombre de logements au loyer accessible » qui ont été « divisés par trois » . Et ironise sur la promesse d’Anne Hidalgo de parvenir à 30 % de logements sociaux en 2030, promesse déterminante dans le ralliement des communistes à la candidate PS : « C’est la simple application de loi ! »

Comme Ingrid Hayes , représentante d’Ensemble, et tête de liste dans le XIXe arrondissement, qui l’avait précédée à la tribune, Danielle Simonnet a souhaité que Paris devienne la « capitale de la résistance à l’austérité » . Un thème qui irriguait déjà la campagne présidentielle et sur lequel elle interpelle Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo. Le maire de Paris et sa première adjointe affirment refuser l’austérité mais ne disent plus rien contre l’importante diminution des crédits de l’Etat qui pèse sur le budget de la Ville. « Nous allons voter contre ce budget d’austérité , annonce-t-elle. Alors soyez cohérents, votez contre, vous aussi. » La campagne est lancée.


[^2]: Candidate aux régionales en 2004 sur la liste de Marie-George Buffet, qu’elle a soutenue à la présidentielle de 2007, elle était en juin 2012 la suppléante de Didier Le Reste dans la 15e circonscription de Paris.

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