Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse

Le Salon du livre et de la presse jeunesse a ouvert ses portes mercredi soir à Montreuil (93). Jusqu’au 2 décembre, il propose des rencontres, des dédicaces et une exposition : « L’Étoffe des héros ».

Ingrid Merckx  • 28 novembre 2013
Partager :
Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse

« Regarde, c’est Max, viens voir ! » Et le gamin accourt, tout content de reconnaître sur le mur le fameux Max de Max et les Maximonstres . Ce livre de Maurice Sendak – culte, notamment en ce qu’il marque la percée de l’inconscient dans la littérature de jeunesse – date de 1964. Le petit garçon qui contemple l’enfant en costume de loup doit avoir dans les 3 ou 4 ans. Max n’est pas de sa génération, et pourtant il le connaît. Et celui-ci le fascine, comme il a dû fasciner sa mère, qui lui lit aujourd’hui son histoire.

Valse temporelle dans cette première partie de « L’Étoffe des héros ». Cette exposition donne sa couleur 2013 au Salon du livre et de la presse jeunesse, qui se tient à Montreuil jusqu’au 2 décembre. Tous les groupes des centres de loisirs venus mercredi, jour de l’inauguration, ressortaient avec des couvre-chefs à l’effigie d’un héros.

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse

« Qu’est-ce qu’un héros ? C’est la première question que je leur pose , explique Élise, une des médiatrices de l’exposition. En général, ils me répondent : c’est quelqu’un qui veut sauver le monde. Alors je les entraîne vers cette première partie du parcours, où l’on trouve des personnages comme Sophie, des Malheurs de Sophie *, ou Zazie, de* Zazie dans le métro *, mais à travers des réinterprétations de Mathieu Sapin et Clément Oubrerie. Et là, ils découvrent des enfants aux prises avec les difficultés de la vie réelle. »*

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse

« De là , reprend la jeune femme, on passe à l’idée qu’un héros n’est pas nécessairement quelqu’un qui sauve le monde, mais un personnage principal, pas forcément sympathique, qui propose une lecture du monde et tente de trouver ses solutions face aux contraintes des adultes – la colère pour Zazie, le départ dans l’imaginaire pour… »

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse - Zazie, par Clément Oubrerie

La suite du parcours est a priori pensée pour les ados avec des personnages tels que Marjane de Persepolis (Marjane Satrapi) ou Coraline de Neil Gaiman illustré par P. Craig Russell.

Soit un personnage plus politisé avec Marjane, qui s’inscrit dans la vie de l’auteur pendant la révolution en Iran, et qui prend également conscience du sort que le monde peut réserver à ceux qu’elle considère comme des héros.

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse - Persépolis, Marjane Satrapi

« J’ai été surprise de constater à quel point Coraline a pu intéresser des enfants assez jeunes cet après-midi » , s’exclame Élise. Les planches exposées de ce livre qui tient plus du roman graphique sont effrayantes. Notamment celle où l’on voit le double fantastique de la mère de Coraline sous un profil grimaçant qui souligne un regard fou où les yeux ont été remplacés par des boutons noirs.

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse - Coraline, par P. Craig Russell

Coraline et ses parents viennent d’emménager dans une maison où la jeune fille, en leur absence, découvre un passage qui l’emmène dans un monde parallèle où elle est accueillie puis harcelée par des avatars de ses parents. Gentils, ils finissent par lui proposer de se coudre, elle aussi, des boutons à la place des yeux.
Si l’on veut savoir ce qui lui arrive, le livre est disponible dans un couloir traversant qui recèle des petites caches, comme autant de coins de lecture où s’isoler…

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse

Le fond du parcours célèbre des héros pour les plus petits, comme Samsam, un de ces superhéros qui ne quittent jamais leur supercostume, ou Loulou, de Solotareff, bientôt superstar de cinéma.

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse - Samsam

À l’entrée, un mobile géant fait voler sur les murs des petits personnages en ombres et lumière. Belle représentation des traces qu’ils peuvent laisser dans les mémoires : insaisissables, ténues, prononcée, effacées… Drôles de petites présences.

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse

Dans une salle de conférence, l’illustrateur Simon Roussin explique comment, élève aux Arts-Déco de Strasbourg, il a choisi Robin des bois comme héros de sa première bande dessinée.

« Dès la première page, on sait à qui on a affaire, c’est donc plus facile de le prendre à contre-pied, d’en donner une vision décalée. Mon Robin Wood nourrit un amour démesuré pour Marianne et entretient une relation ambiguë avec Petit Jean, c’est une sorte de gigolo… »

Sur un panneau, une jeune plasticienne publiée aux éditions du Rouergue, Loren Capelli, explique comment « Se glisser dans la peau d’un héros » :

« Ma mémoire à long terme fait sa sélection naturelle et depuis le plus jeune âge il y a celles et ceux qui n’en sont jamais sortis. Réels, fictifs, tous vivants en moi, ils sont les piliers plus ou moins solides de mon enfance. Celles et ceux que j’ai sublimés, que j’ai craints, les miroirs, les cibles, les béquilles… »

Autour, ses toiles montrent une enfant déguisée en Indien, en robot, en aventurière, surprise dans un jeu dont elle seule connaît les profondeurs.

Illustration - Cap sur les héros au Salon du livre et de la presse jeunesse - Loren Capelli

À suivre dans Politis du 19 décembre : 20 personnalités racontent leurs héros d’enfance, ce qu’ils représentent, comment ils les accompagnent ou se rappellent à eux.

Littérature
Temps de lecture : 6 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don