Le Parlement portugais vote la poursuite de l’austérité sous les huées

Politis.fr  • 1 novembre 2013 abonné·es

Sous les huées de milliers de manifestants réclamant la démission du gouvernement, le Parlement portugais a adopté vendredi en première lecture un nouveau budget d’austérité pour 2014, censé permettre au pays de conclure son plan d’aide internationale.

Le texte, dont la version définitive sera votée le 26 novembre, a été approuvé avec les voix de la majorité dont dispose la coalition gouvernementale de centre droit. L’ensemble de l’opposition de gauche a voté contre le projet de loi de finances.

Juste avant le vote, l’intervention du vice-Premier ministre Paulo Portas a été interrompue par une douzaine de protestataires qui, depuis les galeries de la chambre, ont crié « démission, démission ! » pendant quelques minutes avant d’être mis dehors par la police.

Illustration - Le Parlement portugais vote la poursuite de l'austérité sous les huées - Les manifestants protestent à l'intérieur du parlement portugais contre le projet de budget 2014.

Un peu plus tôt, des milliers de manifestants s’étaient rassemblés en face de l’Assemblée à l’appel de la CGTP, la principale confédération syndicale du pays, en première ligne de la contestation de la politique d’austérité menée depuis mai 2011 sous la tutelle de l’Union européenne et du FMI.

« Gouvernement hors la loi » , « Le budget est un vol » et « Basta la troïka ! » , pouvait-on lire sur les banderoles agitées par les protestataires. « L’heure est arrivée pour le gouvernement de s’en aller » , scandaient les manifestants.

« Ce budget est le dernier du programme signé avec la troïka » (UE-BCE-FMI), représentant les créanciers du Portugal, s’est défendu M. Portas à l’intérieur de l’hémicycle. Reconnaissant qu’il s’agissait d’un budget « difficile » , le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, avait déjà fait valoir la veille que les nouveaux « sacrifices » exigés des Portugais permettront au pays de conclure en juin 2014, comme prévu, le programme de rigueur et de réformes négocié en échange d’un prêt de 78 milliards d’euros.

«Tous des escrocs»

En quête de confiance auprès des investisseurs internationaux , le gouvernement de Lisbonne a promis de garder le cap de la rigueur. Il s’est engagé auprès de ses bailleurs de fonds à ramener le déficit public à 4 % du PIB l’an prochain, contre 5,5 % en 2013.

Marqué par de nouvelles coupes sévères dans les salaires et les retraites des fonctionnaires, le projet de budget prévoit des économies et des recettes supplémentaires de 3,9 milliards d’euros, soit 2,3 % du PIB.

« Ce sont tous des escrocs et des voleurs » , s’est emportée Maria Hernani, une fonctionnaire à la retraite qui manifestait devant le Parlement. « On vit comme dans la fable de Robin des Bois, et c’est la troïka qui tient le rôle du shérif de Nottingham » , a ironisé Nuno Amaro, un ouvrier de 45 ans.

À la fin du rassemblement, la CGTP a lancé un nouvel appel à manifester devant le Parlement le 26 novembre, jour du vote final du budget. D’ici là, après les manifestations qui avaient déjà rassemblé plusieurs milliers de manifestants anti-austérité le 19 octobre puis samedi dernier, la mobilisation des syndicats se poursuivra avec une grève des fonctionnaires vendredi prochain, précédée de plusieurs mouvements sociaux dans le secteur des transports. Le malaise a gagné aussi les forces de l’ordre, dont les syndicats ont appelé à manifester le 21 novembre à Lisbonne.

À l’intérieur de l’Assemblée aussi, le gouvernement était accusé d’aggraver les difficultés des Portugais en insistant sur la recette de la rigueur pour démanteler les services publics. « L’objectif du gouvernement est clair : un pays plus pauvre, un État minimal et chaque Portugais laissé à son sort » , a lancé le chef du Parti socialiste, Antonio José Seguro. « Personne ne croit que ce budget sortira le Portugal de la crise. Ce n’est pas un budget de l’État, c’est un plan de coupes pour appauvrir le pays » , avait-il déclaré avant l’ouverture des débats.

L’ensemble de l’opposition, le Parti socialiste et la gauche antilibérale, a déjà annoncé son intention de soumettre la loi de finances au crible de la Cour constitutionnelle, qui a obligé cette année le gouvernement à remplacer plusieurs mesures jugées non conformes à la loi fondamentale.

(Avec AFP à Lisbonne)

Économie
Temps de lecture : 4 minutes