TNT : La télé du copié-collé

Les six nouvelles chaînes de la TNT ont donc passé le cap du premier anniversaire. Non sans mal. HD1 (groupe TF1), l’Équipe 21 (groupe Amaury), RMC Découverte (Next Radio TV), Chérie 25 (NRJ), 6 Ter (groupe M6) et Numéro 23 (indépendante mais financée notamment par Bernard Arnault et Xavier Niel) ne rassemblent que 2,6 % de l’audience nationale (n’étant certes pas encore accessibles sur l’ensemble du territoire, une couverture prévue pour 2015).

En termes de recettes publicitaires, nerf de la guerre, ces chaînes captent à peine 1,4 % du marché quand les occupantes historiques de la TNT (NT1, TMC ou encore W9 et Gulli) glanent 17,5 % du gâteau (pour 24,5 % d’audience). Des résultats très faibles pour des chaînes dont les budgets oscillent entre 30 et 50 millions d’euros (deux à trois fois moins que D8, groupe Canal +). À côté de ces chiffres, c’est surtout la programmation qui laisse pantois. Loin du pluralisme vanté par Michel Boyon, alors président du CSA, le téléspectateur a droit à un copié-collé des grilles de programmes, bâties sur l’art d’accommoder les restes, c’est-à-dire le recyclage et la rediffusion. Sur 6 Ter, quelques séries de la maison mère, entre Desperate Housewives et la télé-réalité version cuisine (« Norbert et Jean »), des programmes chipés à la télé d’antan, comme Les Cordier, juge et flic, l’increvable Petite Maison dans la prairie ou Un gars, une fille. Sur HD1, c’est aussi la rediffusion de vieilles séries de TF1, du matin au soir, avec Alice Nevers, le juge est une femme, RIS police scientifique, Julie Lescaut, Dr Hou se ou Agence tous risques.

Sur Chérie 25, on ressert « Top Chef » et la série la Vie secrète d’une ado ordinaire. Sur RMC Découverte, on enquille des séries et des documentaires dont les titres disent la teneur : « Billy l’exterminateur », « Seuls face à l’Alaska », « Prédateurs fous », « Quand les requins attaquent »… Mine de rien, une programmation au diapason des chaînes aînées sur la TNT, cumulant les séries américaines ou françaises, dépourvues de toute originalité, de toute audace. À peine créées, les chaînes sont déjà frileuses, s’observent, se répliquent dans le duplicata. Jusqu’aux magazines d’investigation qui se multiplient, comme « Terrain d’investigation », sur 6 Ter, « 90’ », sur TMC, suivant « Au cœur de l’enquête », sur D8, qui s’attache tantôt aux braquages, tantôt aux trafics de faux permis, racolant large, visant systématiquement le spectaculaire. Loin donc de la qualité et de la diversité du paysage annoncées dans l’enthousiasme, mais bien dans la concentration et le théâtre féroce et sans idées des concurrences entre groupes puissants. Fallait-il s’attendre à autre chose ?