Gouvernement « Renzusconi » : on prend les mêmes (ou presque) et on…

Après avoir débarqué violemment son camarade de parti Enrico Letta, le maire social-libéral de Florence, Matteo Renzi, a présenté son gouvernement. Fondé sur les mêmes équilibres politiques, et le même programme, que ceux de son prédécesseur…

Olivier Doubre  • 22 février 2014 abonné·es

Le nouveau Président du Conseil et maire de Florence, Matteo Renzi (du très pâle Parti démocrate, PD, « centre-gauche »), jeune démocrate-chrétien ambitieux de 39 ans, a présenté son futur gouvernement au président Napolitano, le 21 février dans la soirée. Un gouvernement reposant principalement sur l’alliance des mêmes forces politiques que celles qui formaient le (précédent) gouvernement Letta, promptement débarqué par le Florentin, lors d’un véritable putsch, sept jours plus tôt.

Toute la propagande de Matteo Renzi ces dernières semaines, clamée haut et fort (et sans cesse) sur les plateaux de télévision, contre son camarade de parti à la présidence du Conseil, Enrico Letta, pour justifier son remplacement exprès, se fondait sur sa volonté de « rupture » , radicale et nette. Afin, surtout, d’engager des « réformes » – sensées « rompre » radicalement avec la politique menée jusqu’ici… Mais en quoi devaient-elles constituer ?

Au vu de l’équipe gouvernementale proposée par le maire de Florence, jouer au jeu des « sept différences » apparaît difficile ! Si certaines des personnalités nouvelles entrant au sein de l’exécutif sont issues de la société civile et considérées comme des techniciens – essentiellement des patrons du secteur privé ou d’organismes économiques –, les dirigeants politiques de la « nouvelle » équipe proviennent des mêmes rangs du précédent gouvernement. A l’instar d’Angelino Alfano, proposé… à sa propre succession au ministère de l’Intérieur ! Ancien dauphin (des années durant) de Silvio Berlusconi, ayant rompu avec lui en avril dernier pour le même maroquin dans le gouvernement Letta, il demeure l’une des pièces-maîtresses de ce « nouvel » exécutif. Qui devrait se limiter à appliquer – certes, sans doute plus rapidement et de façon (encore) un peu plus brutale – les diktats néolibéraux de la Commission européenne, au nom de la sacro-sainte réduction des déficits publics. En commençant par privatiser ce qui reste des entreprises publiques et, surtout, « réformer » le marché du travail – dans le sens d’une plus grande « flexibilité » … En somme, la ruptue « Renzusconi » ne devrait être que celle souhaitée par le patronat italien, ravi de cette petite révolution de palais, interne au Parti démocrate. La véritable « rupture » attendra…

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