Sages-femmes : nouvelle manif pour un statut rénové
Une troisième manifestation nationale des sages-femmes a eu lieu le 19 février à Paris. En grève depuis quatre mois, elles veulent obtenir du gouvernement une revalorisation de leur métier.
« Sages-femmes maltraitées, femmes et bébés en danger »* ,** « Les sages-femmes ont la rage : études rallongées, statut oublié ! » , « Avant, on était sages, mais ça c’était avant » , pouvait-on entendre et lire lors de la troisième manifestation des sages-femmes organisées mardi 19 février dans Paris, de la place Denfert-Rochereau au ministère de la Santé. Plus de 2 000 ont fait le déplacement dans la capitale, dont un grand nombre d’étudiants, venus notamment de Metz, alors que se tenait au ministère de la Santé une réunion du groupe de travail chargé d’étudier le statut de sage-femme, qui s’est achevée à 19 h 30.
Vers un statut de praticien hospitalier ?
« Cela fait quatre mois que nous sommes en grève. La ministre de la Santé comptait probablement sur l’essoufflement du mouvement. Mais nous lui prouvons qu’il n’y en a pas. Les sages-femmes sont plus en colère et plus nombreuses que le 7 novembre, date de la première manifestation » , constate Élisabeth Tarraga, secrétaire générale de l’organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF), qui participe aux négociations. Très présent dans la manifestation du 19 février, ce syndicat regroupant des sages-femmes libérales et hospitalières est le principal animateur du collectif, avec le Collège national des sages-femmes, l’Association nationale des sages-femmes cadres, l’Association nationale des étudiants sages-femmes et la Conférence nationale des enseignants en maïeutique. Le collectif a aussi le soutien de la CFTC, seul syndicat de fonctionnaires présent dans la manifestation.
Les sages-femmes demandent au gouvernement de « prendre ses responsabilités » pour revaloriser leur métier. Le collectif d’organisations à l’origine de la grève revendique notamment que les sages-femmes hospitalières puissent sortir de la fonction publique et obtenir le statut de praticien hospitalier, sur le modèle des médecins. « Avec ce statut, les sages-femmes seront plus autonomes et auront plus de responsabilités dans leur travail hospitalier, ce qui leur permettra de diriger des unités d’accouchement normal. Nous demandons aussi des salaires à la hauteur de cette compétence » , explique Élisabeth Tarraga.
D’autres sages-femmes défendent un statut rénové en milieu hospitalier, qui se distingue du statut libéral. « À partir d’aujourd’hui, on travaille sur le statut de praticien hospitalier pour les sages-femmes. Le gouvernement sait que nos revendications sont légitimes au sein de la fonction publique hospitalière » , estime de son côté Élie Goudon, vice-président de l’Association nationale des étudiants sages-femmes, qui a participé à la manifestation.
Ambiance tendue avec les syndicats de fonctionnaires
Interrogée à l’Assemblée nationale le 19 février, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a déclaré qu’elle recevrait les conclusions du groupe de travail « dans quelques jours » , sans donner de date. « À partir de là, je prendrai des décisions » , a ajouté la ministre. « Rien n’est joué , assure Élisabeth Tarraga. Les sages-femmes sont dans la rue pour montrer à Marisol Touraine ce qu’elles veulent réellement. Si on n’a pas gain de cause, on continuera la grève. »
Au ministère de la Santé, l’ambiance était tendue entre les syndicats de fonctionnaires (CGT, CFDT, FO, SUD, Unsa), hostiles à la revendication des sages-femmes libérales, et les syndicats de praticiens hospitaliers : « Les médecins voulaient revenir sur l’accord passé lors de la dernière réunion, qui reconnaissait l’évolution statutaire des sages-femmes exerçant dans la fonction publique hospitalière » , explique Marie-Hélène Durieux, secrétaire fédérale de SUD Santé-sociaux.
Les syndicats défendent le maintien des sages-femmes dans la fonction publique hospitalière : « En sortir serait synonyme de précarité. La majorité des sages-femmes veulent rester dans l’hôpital et veulent qu’on leur reconnaisse le statut de profession médicale » , défend Marie-Hélène Durieux.
Extrait du document de travail du 19 février
Un nouveau texte de propositions pour un statut rénové à l’hôpital devrait être présenté dans les prochains jours aux sages-femmes : « On a fait de grands progrès, un grand pas en avant » , affirme la syndicaliste de SUD Santé-Sociaux.
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