L’avertissement des députés PS frondeurs à Manuel Valls
Dans un courrier adressé cet après-midi à Manuel Valls , onze députés socialistes[^2] ont rendu publique la lettre qu’ils viennent d’adresser à Manuel Valls pour préciser « les choix [qu’ils souhaitent] défendre dans les prochaines semaines et les prochains mois » . Affirmant s’exprimer au nom des cent élus qui avaient réclamé, il y a dix jours, un « contrat de majorité » , les propositions qu’ils formulent visent à amender fortement les annonces faites par le Premier ministre le 8 avril à la sortie du Conseil des ministres. Lire > Manuel Valls attaque les retraites et la Sécu
Ils demandent de réduire de 15 milliards les économies envisagées. Selon eux, le plan de 50 milliards d’économies sur la période 2015-2017 est « dangereux économiquement » et va conduire à « asphyxier la reprise et l’emploi » . « Au-delà de 35 milliards, nous croyons que reculs sociaux et mise à mal des services publics seront inéluctables » , écrivent-ils. Avant de préciser leurs choix :
– « Nous nous opposons au gel des prestations sociales. »
– « Ramener l’effort demandé aux collectivités locales à 5 milliards d’euros (et non 11 milliards). » D’accord pour faire des économies de fonctionnement, ils disent « non au gel des investissements » et réclament donc le lancement d’un « appel à projets d’investissements de 5 milliards d’euros en direction des collectivités locales (logements, transports en commun, transition énergétique…) » .
– Porter de 5 « à 10 milliards l’effort global [sur le pouvoir d’achat] *, et ce dès 2015 »* .
– Débloquer « une enveloppe de 1 milliard d’euros pour 50 000 emplois d’avenir supplémentaires et un plan pour les chômeurs de longue durée » .
– Présenter, dans le pacte de stabilité, « une trajectoire plus crédible de réduction de déficits ». Selon eux, l’ « objectif de passer sous la barre des 3 % pourrait être maintenu mais décalé dans le temps » .
–Concentrer les aides aux entreprises, *« en ciblant sur l’industrie, en obtenant des contreparties sérieuses et précises en matière d’investissement, et en [les] conditionnalisant » afin de « ramener l’enveloppe CICE/Baisse des cotisations à 20 milliards au lieu des 30 prévus » .
Les signataires concluent leur appel au dialogue en affirmant que ces choix « guideront [leurs] votes lors des grands rendez-vous » fixés par le Premier ministre au Parlement : « Pacte de stabilité [le vote est prévu le 30 avril, NDLR] *, Programme national de réformes, collectif budgétaire, loi de finances et loi de financement de la Sécurité sociale. »* La menace de ne pas voter ces textes est à peine voilée.
[^2]: Christian Paul, Laurence Dumont, Laurent Baumel, Fanélie Carrey-Conte, Pierre-Alain Muet, Pouria Amirshahi, Jean-Marc Germain, Arnaud Leroy, Daniel Goldberg, Marie-Lou Marcel et Philippe Nogues.