Changer de protection solaire

10 % des récifs coraux mondiaux seraient menacés par les crèmes solaires.

Pauline Graulle  • 24 juillet 2014 abonné·es

Que faire ?

Choisir une crème solaire bio sans filtres chimiques. Il y a certes des inconvénients par rapport aux crèmes classiques : les filtres minéraux, quand ils ne sont pas associés à des nanoparticules (qui présentent des risques pour la santé), ont tendance à laisser une pellicule blanchâtre sur la peau. Les indices de protection sont aussi moins élevés, il faut donc renouveler plus souvent le badigeonnage. Enfin, la crème bio coûte un peu plus cher que les produits classiques.

Pourquoi ?

Il s’agit surtout de sauver nos océans ! Ou du moins de diminuer la pollution de l’eau liée aux cosmétiques. Car la crème solaire contient des composants hautement toxiques. Ceux-ci ont non seulement des effets endocriniens ou allergisants pour les utilisateurs, mais ils se répandent dans l’eau, créant une pellicule nocive pour les coraux, encourageant la prolifération d’algues et constituant pour les poissons une nourriture néfaste. « Une fois introduits dans l’organisme, ces filtres chimiques peuvent porter atteinte à la santé et à la fertilité de l’homme, mais aussi à celle des animaux », explique l’Association santé environnement France (Asef). Cette dernière estime que «  4 000 à 6 000 tonnes d’écran total sont libérées chaque année dans les zones de récifs tropicaux par les 78 millions de touristes qui s’y rendent ». Conséquence : « 10 % des récifs coraux mondiaux seraient menacés par les crèmes solaires ». Aussi, certaines plages, au Mexique par exemple, sont devenues « sun cream free »  ! Il y est interdit de se baigner enduit de produit solaire. En réalité, on connaît depuis longtemps les méfaits des crèmes solaires (mais aussi des crèmes de soin, des shampooings, de l’après-rasage, etc.) sur les eaux marines. En 2011, un sénateur socialiste, Roland Courteau, a produit un rapport inquiétant sur l’état de la Méditerranée à l’horizon 2030. Outre les pollutions chimiques industrielles « classiques », le sénateur de l’Aude alertait sur les pollutions « émergentes », majoritairement issues des produits cosmétiques et pharmaceutiques (leur utilisation a doublé en quarante ans) de baigneurs eux aussi de plus en plus nombreux (275 millions chaque année). Et avec + 41 % de touristes attendus sur les plages de la Grande Bleue d’ici à 2025, pas difficile d’imaginer les dégâts ! Reste que l’industrie cosmétique continue son lobbying – avec pour bras armé les magazines féminins – pour faire tourner le business juteux des produits solaires : en France, 15 millions de flacons ont été vendus en 2013, soit un chiffre d’affaires de 123 millions d’euros.

Comment ?

  • « La pollution de la Méditerranée : état et perspectives à l’horizon 2030 », rapport n° 652 (2010-2011) de Roland Courteau, à lire sur le site www.senat.fr
  • La liste des produits chimiques à éviter : www.asef-asso.fr
Le geste utile
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