Sarkozy à la télé : prévisible, trop prévisible

Denis Sieffert  • 2 juillet 2014 abonné·es
Sarkozy à la télé : prévisible, trop prévisible
© Photo: CHARLY TRIBALLEAU / AFP

C’est un homme marqué , dont la voix était parfois étranglée, qui est apparu mercredi soir sur TF1 quelques heures après sa mise en examen pour corruption active et trafic d’influence. Sur le fond, le discours de Nicolas Sarkozy a été prévisible, trop prévisible. L’ancien chef de l’Etat s’est, comme prévu, posé en victime d’une « instrumentalisation politique d’une partie de la justice » . Il s’est dit persécuté par « deux dames » — à qui il dénie visiblement la qualité de juges —, qui ont manifesté une « volonté de (l’) humilier » . Il a dénoncé une « obsession politique de (le) détruire » . Comme on pouvait s’y attendre, Sarkozy a esquivé toutes les questions juridiques, préférant évidemment politiser le débat. Il s’en est pris violemment et à plusieurs reprises à l’une des deux juges au prétexte qu’elle appartient au Syndicat de la Magistrature : « Est-ce que c’est parce que c’est moi que tout est permis ? » Une pique violente contre Christiane Taubira ; une autre contre Manuel Valls… tous les acteurs d’un vaste complot ont été convoqués dans ce discours que l’on aurait pu écrire à l’avance tant il était convenu.

On l’a vu tout de même en très grande difficulté, et même un genou à terre, lorsque les deux journalistes ont évoqué l’affaire Bygmalion. Explications passablement embrouillées et déni de l’affaire comme si l’homme à tout faire de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, n’avait pas déjà tout avoué.

Il s’est repris sur la fin, dans un registre qui lui est plus familier, celui de l’homme du recours : « La question de savoir si je dois renoncer ne se pose pas pour moi , a-t-il dit, j’ai des devoirs » envers la France. Au total, Sarkozy nous a fait le coup de l’oie blanche, cible d’un odieux complot. Seuls seront convaincus ceux qui veulent bien l’être. La vraie question qui se pose après cette ultime tentative d’enfumage : cette interview était-elle bien nécessaire ?

Politique
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