Ecran noir pour LCI

Jean-Claude Renard  • 23 septembre 2014 abonné·es
Ecran noir pour LCI
© photo : Kenzo Tribouillard

Le verdict est tombé, et il est sévère. LCI n’est plus une chaîne d’information en continu diffusée sur la TNT. Depuis cet été et le refus fin juillet du CSA de voir LCI devenir gratuite, la maison mère, TF1, avait annoncé la disparition programmée de la chaîne, ou différentes options pour la transformer, en interne ou bien à travers divers partenariats. En termes de chiffres, LCI, ce sont 247 emplois équivalent temps plein, dont près de 100 journalistes en CDI, une trentaine de plus sous contrat avec la chaîne, détachés de TF1, des pigistes et des CDD, une moyenne de 13 000 téléspectateurs par quart d’heure (contre 200 000 au minimum sur BFM TV), et plusieurs millions d’euros perdus chaque année, sur un budget global de 37 millions. Les recettes publicitaires ont ainsi seulement atteint 3 millions d’euros en 2013 contre 7 millions en 2012.

Pour Nonce Paolini, PDG du groupe TF1, il n’était plus possible de poursuivre la carrière d’une chaîne créée en 1994, reléguée au-delà des 25 premiers canaux, écrasée par la concurrence directe de BFM TV et d’i-Télé, toutes deux gratuites sur la TNT.

Depuis le début du mois , plusieurs solutions avaient été donc envisagées. Faire de la chaîne une marque, une news factory produisant des contenus pour le site MyTF1, réaliser une tranche matinale pour TMC, autre chaîne du groupe, maintenir LCI sur les box des fournisseurs d’Internet, collaborer avec Le Figaro en lui apportant des contenus vidéos (plutôt qu’une entrée du Figaro dans son capital), ou encore installer une fréquence en gratuit sur la TNT Ile-de France pour laquelle un appel d’offres est en cours. Au passage, Nonce Paolini avait sèchement décliné la proposition de rachat du trio actionnaire du Monde . Dans tous les cas, le patron du groupe avait annoncé que « LCI telle qu’on la connaît n’existera plus au 31 décembre » . Soit une manière d’annoncer un plan social massif, et de porter un coup au pluralisme.

Ce mardi 23 septembre , la direction de TF1 organisait trois réunions extraodinaires avec les représentants des salariés de LCI, TF1 et de sa filiale numérique, e-TF1. A la clé, un scénario noir. LCI cesse donc d’être une chaîne d’info en continu, et seules 54 personnes sont maintenues en CDI (58 CDI supprimés à LCI, 81 à TF1, 9 à e-TF1). Une peau de chagrin.

« Très clairement, LCI abandonnera le positionnement de nos grandes concurrentes, celui du +hard news+ , a déclaré Eric Revel, le patron de la chaîne, pour essayer d’être sur un éditorial beaucoup plus en profondeur sur un ou deux thèmes et peut-être une émission emblématique. »

LCI serait ainsi « présente sur quatre écrans : celui de la télévision, celui des smartphones, des tablettes et des ordinateurs. C’est un projet différenciant en terme éditorial, qui nécessite encore le bouclage d’un financement » , a-t-il ajouté, avant de conclure que les propositions du Monde et du Figaro n’étaient pas « suffisamment sérieuses pour poursuivre les négociations » , sans pour autant exclure à l’avenir un partenariat. « LCI n’est pas à vendre » , certes, mais elle risque de ressembler à une coquille vide.
Parallèlement, le groupe TF1 a annoncé qu’il ira contester devant le Conseil d’Etat la décision du CSA rendue publique le 29 juillet.

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