Femmes en souffrance : les agressions sexuelles dans l’armée US

A Perpignan, Visa pour l’image expose le travail de Mary F. Calvert : un rapport accablant sur les femmes dans l’armée américaine victimes d’agressions sexuelles.

Jean-Claude Renard  • 3 septembre 2014
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Femmes en souffrance : les agressions sexuelles dans l’armée US

Il ne se passe pas grand-chose dans les photographies de Mary F. Calvert . Ses personnages emplissent le cadre. Le plus souvent froidement. Il n’y a rien de frappant dans ces images de femmes, sinon qu’elles semblent trimbaler leurs souffrances.
Ce sont les légendes rédigées par la photographe qui en disent plus. Aux États-Unis, le nombre de femmes soldats violées ou agressées sexuellement augmente chaque année. Pour 2013, on estime à 26 000 le nombre de viols et d’abus sexuels, cependant que seule une personne sur sept signale l’agression, et qu’un seul cas sur dix fait l’objet d’un procès. Ces victimes sont forcées de quitter l’armée, ou sont obligées de travailler sous les ordres de leurs agresseurs.

Parmi elles, Jessica, mécanicienne dans l’armée de l’air, violée par un membre de son escadron, a été la cible de harcèlement et de représailles. Son affaire a été classée sans suite par un commandant, se justifiant ainsi : « Il ne s’est pas comporté en gentleman, certes, mais il n’y a aucune raison de le porter en justice. » Peu de temps après, raconte la photographe, Jessica « a été renvoyée de l’armée à cause de son syndrome de stress post-traumatique » . Un traumatisme à l’origine de dépression, de plongée dans la toxicomanie, de paranoïa, de sentiment d’isolement.


Illustration - Femmes en souffrance : les agressions sexuelles dans l’armée US


Le long d’une année de travail à travers les États-Unis , ce sont ces femmes, encore sous le choc, que Mary F. Calvert fixe dans leur intérieur, ou dans un bureau d’accompagnement, dans une manifestation, ou un rassemblement de soutien. Des femmes enfermées dans une maladie qui n’est pas non plus reconnue. Autant d’images simples de la vie quotidienne. Qui pourrait être ordinaire, qui ne l’est pas, butant sur « une lutte passée sous silence » . L’une d’entre elles, violée durant sa formation par un sergent instructeur, dort aujourd’hui avec à ses côtés un fusil, deux chargeurs, une machette et deux couteaux.

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