Manifestation massive à Rome contre la réforme du marché du travail

Politis.fr  et  AFP  • 25 octobre 2014 abonné·es
Manifestation massive à Rome contre la réforme du marché du travail
© Photo: FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté samedi dans les rues de Rome pour dénoncer le projet de réforme du marché du travail de Matteo Renzi et rappeler au bouillonnant chef du gouvernement qu’il devait compter avec les syndicats. En tête des cortèges qui ont sillonné la capitale italienne dans la matinée, des milliers de jeunes venus de tout le pays[^2] ont brandi les drapeaux rouges de la CGIL, en chantant l’hymne national.
Selon les organisateurs, la manifestation à l’appel de la CGIL, le principal syndicat du pays, a mobilisé un million de personnes. Les forces de l’ordre n’ont pour leur part fourni aucune estimation.

Le gouvernement Renzi prévoit de faciliter les licenciements et de réduire les droits et protections des salariés dans leurs premières années de contrat, au prétexte d’ encourager les embauches et de lutter contre le chômage. Le projet de loi de cette réforme, appelé « Jobs Act », a été approuvé le 9 octobre par le Sénat – le gouvernement avait posé pour cela la question de confiance – et doit encore recevoir le feu vert de la Chambre des députés. « J’ai un grand respect pour cette manifestation » , avait déclaré Matteo Renzi avant le rassemblement, « mais l’époque où une manifestation pouvait bloquer le gouvernement et le pays est révolue » .
M. Renzi table en effet sur la crédibilité de son programme de réforme pour essayer de faire passer auprès de Bruxelles un projet de budget plus expansif que prévu[^3]. Un « deal » avec Bruxelles assez semblable à celui que négocie, avec l’aide de Berlin, le gouvernement de Manuel Valls.

Lire > Budget : L’Europe ou les frondeurs

C’est toutefois la première fois qu’une manifestation si massive est tournée contre le Parti démocrate (centre gauche) de M. Renzi, historiquement lié aux syndicats. Ces derniers, convaincus comme beaucoup de voix de gauche que le chef du gouvernement veut brader les droits des salariés, n’ont pas l’intention de céder. Après avoir déclaré à la foule que les manifestants étaient là « pour ceux qui n’ont pas de travail, pas de droits, ceux qui souffrent, ceux qui n’ont aucune certitude pour l’avenir » ,Susanna Camusso, secrétaire générale de la CGIL, a annoncé une nouvelle manifestation le 8 novembre :
« Nous sommes ici et nous n’allons pas en partir. Nous allons faire grève, et nous allons mobiliser nos forces pour nous battre afin de changer les politiques du gouvernement. »
« Nous n’avons pas l’intention d’abandonner. Renzi doit savoir que pour changer le pays, il a besoin de nous, ceux qui sont dans les rues de Rome aujourd’hui » , a insisté Maurizio Landini, responsable du syndicat FIOM, qui avait relayé l’appel de la CGIL.
Le Parti démocrate lui-même est divisé sur les mesures proposées, en particulier sur une éventuelle refonte de l’article 18 du code du travail – un symbole social très fort en Italie – qui protège des licenciements abusifs. Plusieurs « frondeurs » du PD étaient parmi les manifestants, où l’on a pu entendre ce slogan :
« Si Renzi est de gauche, Berlusconi est féministe. »

[^2]: Le chômage des jeunes est actuellement de 44% en Italie, et la plupart des premiers emplois restent précaires.

[^3]: Le pays s’attend à une nouvelle année de récession en 2014 et le ratio dette publique/PIB devrait dépasser 133% en 2015.

Monde
Temps de lecture : 3 minutes

Pour aller plus loin…