Touche pas à ma ZEP !

Les nouveaux critères d’éligibilité à l’éducation prioritaire sont-ils adaptés ?

Ingrid Merckx  • 20 novembre 2014 abonné·es
Touche pas à ma ZEP !
© Photo : CITIZENSIDE/ BOUTONNET/AFP

ÀToulouse, début novembre. À Bordeaux, le 12. À Saint-Jean-de-Losne, en Côte-d’Or, le 15… Les appels d’enseignants, d’élus et de parents d’élèves se multiplient contre la nouvelle carte de l’éducation prioritaire annoncée au retour des vacances d’automne. En janvier 2015, les anciennes zones d’éducation prioritaire (ZEP) seront transformées en 1 082 réseaux d’éducation prioritaires (REP), dont 350 « super-prioritaires » : les REP +.

La nouvelle répartition des moyens alloués aux établissements considérés comme prioritaires pose problème. Comme le budget de l’éducation prioritaire est une « enveloppe fermée » –  dixit le ministère –, pour que des établissements puissent intégrer l’éducation prioritaire, il faut que d’autres en sortent. Et c’est là que ça coince. Car, qui dit sortir de ZEP (ou de réseaux de réussite éducative), dit hausse d’effectifs dans le premier degré, et baisse des dotations horaires globales dans le second degré. Soit moins d’heures pour des travaux en demi-groupes, moins d’entrées dans les musées, de partenariats avec l’opéra ou les théâtres, etc. « On se félicite que des réseaux ouvrent Outre-Mer !, précise Jérôme Musseau, membre du Collectif pour le 30e réseau à Paris. Sortir de ZEP n’est pas un drame en soi, à condition que les critères soient justes », insiste cet enseignant au collège Guillaume-Budé, dans le XIXe arrondissement. Cet établissement devrait être exclu du nouveau REP. Une décision que l’équipe enseignante, rejointe par les parents d’élèves et les enseignants des écoles qui en dépendent, conteste. Motif : dans la nouvelle carte, c’est le collège qui sert d’étalon, et non plus le collège « et » les écoles qui lui envoient leurs élèves. Sont pris en compte dans les critères d’éligibilité le taux d’élèves issus des catégories les plus défavorisées, le taux de boursiers, la part d’enfants résidant en zones urbaines sensibles et le retard en 6e.

Si Guillaume-Budé n’est pas en « zone sensible », il figure dans un quartier « politique de la ville » et jouit d’une bonne mixité sociale. Mais l’académie de Paris, chargée de répartir les 29 réseaux qui lui sont accordés, a estimé que son taux de 17 % de professions et catégories socio-professionnelles (PCS) défavorisées l’excluait des critères. « Comment est calculé ce taux ? », interroge le collectif, qui a repris le calcul et arrive à 48 %. Il ne fustige pas la réforme, mais l’injustice faite à cet établissement. « On développe de nombreux projets avec des équipes très mobilisées, ce qui rend ce collège attractif. Cette exclusion punit la motivation et on redoute que le taux d’évitement grimpe si nos projets se réduisent. » Au profit du privé ? Le collectif dénonce une méthode qui omet de croiser les critères et ne part pas des besoins. Combien l’académie de Créteil, par exemple, la plus pauvre de France, va-t-elle gagner de classes et d’enseignants supplémentaires ?

Société
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