Lyon-Turin : le scandale 
prend de l’ampleur

Un nouveau conflit d’intérêts touche le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse, alors que les travaux doivent débuter.

Politis  • 26 février 2015 abonné·es

Les opposants à la future ligne de TGV Lyon-Turin ont réclamé une nouvelle fois l’annulation d’une enquête publique favorable au projet après la publication de notre article sur Politis.fr [^2]. Nous y révélions qu’un élu de Savoie est impliqué dans un conflit d’intérêts, ce dont l’intéressé se défend.
Quelques jours avant le sommet franco-italien du 24 février, entérinant le lancement des travaux du pharaonique projet, nous avons en effet publié le contenu d’un compte rendu du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie (CPNS, aujourd’hui Conservatoire d’espaces naturels de Savoie, CENS) présidé par Philippe Gamen. Ce document montre que Philippe Gamen, maire de Noyer, alors un des commissaires-enquêteurs pilotant de janvier à mars 2012 l’enquête publique sur le projet de liaison ferroviaire, était en négociation avec Lyon Turin ferroviaire (LTF), filiale de Réseau ferré de France (RFF). Le compte rendu du CPNS, daté du 31 janvier 2012, indique que les négociations portent sur des mesures compensatoires aux atteintes au patrimoine naturel en lien avec la LGV Lyon-Turin. Et qu’elles se sont déroulées avant et pendant l’enquête publique, alors que Philippe Gamen était commissaire-enquêteur.


Or, répondant à Mediapart en janvier 2014, Philippe Gamen affirmait que la signature en novembre 2013 de la convention sur les mesures compensatoires était « postérieure à l’enquête publique, conclue dix-huit mois plus tôt ». Il ajoutait : « Je ne pouvais pas prévoir que Lyon-Turin ferroviaire nous proposerait ce travail a posteriori. »
 Le compte rendu du CPNS prouve pourtant que son président était partie prenante dans les négociations avec LTF, ce qui fait dire aux opposants que celui-ci ne devait pas siéger dans la commission d’enquête. « Beaucoup de monde savait qu’un commissaire-enquêteur était aussi en train de travailler sur le projet pendant l’enquête publique. Il y aura des ­poursuites judiciaires », affirme à l’AFP Daniel Ibanez, membre de la coordination des opposants au Lyon-Turin. Car ces derniers disposent de nouveaux éléments d’information sur ce conflit d’intérêts, publiés jeudi par le site Reporterre.net. De quoi faire enfin éclater le « scandale d’État » dénoncé par les opposants.


[^2]: « LGV Lyon-Turin : le scandale prend de l’ampleur », Politis.fr, 19 février.

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