Quand la Norvège exporte ses prisonniers
Exporter ses détenus , c’est la solution trouvée par la Norvège à son manque de places carcérales.
Alors que 1300 norvégiens environ attendent de purger leur peine, le ministre de la Justice Anders Anundsen et son homologue néerlandais Fred Teeven ont signé un accord : pour 25 millions d’euros, les Pays-Bas loueront pendant trois ans des cellules de prison, où des détenus norvégiens, sous le régime légal du pays scandinave, seront supervisés par des gardiens néerlandais et un dirigeant norvégien.
L’accord prévoit le transfert, dès septembre 2015, de 242 prisonniers norvégiens dans une prison néerlandaise. Mais pas n’importe quelle prison, celle de Norgerhaven, réputée « de luxe ». Dans cet établissement pénitentiaire, les détenus purgeant de longues peines peuvent cultiver des légumes, élever des poulets, cuisiner, regarder 55 chaînes à la télévision et profiter de la vue de la campagne environnante.
Une « qualité de vie » rare que les détenus actuels de Norgerhaven redoutent de perdre au profit des prisonniers norvégiens. Refusant d’être transférés vers une prison plus « classique » pour faire place aux nouveaux venus, certains d’entre eux ont décidé de poursuivre le gouvernement néerlandais en justice.
Du côté des norvégiens, les familles des prisonniers ont également protesté. «Nous sommes très sceptiques à l’égard de cet accord car nous estimons qu’il viole plusieurs principes élémentaires, en premier lieu le principe de proximité familiale en période de détention» , a déclaré à l’AFP Hanne Hamsund, la présidente de l’association représentant les famille de détenus. En transférant les prisonniers à des centaines de kilomètres d’Oslo, «l’accord sape la possibilité et la capacité des proches à maintenir des contacts réguliers avec le détenu» , a-t-elle ajouté.
Mais rien n’est encore joué. L’accord est conditionné à l’approbation des parlements des deux pays. Les Pays-Bas semblent déjà ouverts à cet inhabituel échange. Depuis 2010, ils accueillent 550 détenus belges dans une prison du sud du pays. Reste à savoir sir le parlement norvégien pense, lui aussi, que tout peut s’exporter.