La Californie n’a plus d’eau…

Claude-Marie Vadrot  • 3 avril 2015 abonné·es
La Californie n’a plus d’eau…
© Photo: Le gouverneur de Californie Jerry Brown a donné une conférence de presse avec le ministère des Ressources en eau, le 1er Avril 2015, sur une prairie desséchée des montagnes de la Sierra Nevada habituellement couverte de neige (AFP PHOTO / CALIFORNIA DEPARTMENT OF WATER RESOURCES / KELLY M. GROW).

Le premier avril , s’exprimant depuis un champ brulé par la sécheresse et le soleil, le gouverneur de la Californie, Jerry Brown, a annoncé à ses concitoyens la mise en œuvre impérative d’une réduction d’un quart des consommations d’eau dans tous les secteurs d’activité, qu’il s’agisse des citoyens, de l’industrie ou de l’agriculture. Une décision sans précédent pour tenter de faire face à la sécheresse qui sévit depuis quatre ans dans cette région qui couvre 423 000 kilomètres carrés et abrite 39 millions d’habitants dont près de 4 millions vivent dans sa capitale Los Angeles.

Au cours du mois de janvier, période au cours de laquelle tombait au XX° siècle une bonne centaine de millimètres d’eau, ses habitants n’ont pas vu une seule goutte de pluie. C’est la première fois que cela se produit depuis que les relevés météo existent. Et le triste record de 2014, avec dix millimètres de précipitation en janvier, a été battu. Cette situation exceptionnelle dure depuis 2011 dans l’Etat californien ; et elle est pratiquement la même dans les Etats voisins de l’Arizona et du Nevada. Avec des records de chaleur estivale jamais constatés dans le passé.

Conséquences : des vergers-renommés dont les arbres ne donnent pratiquement de fruits, avant de se dessécher et de mourir ; un maraichage en déroute ; des arbres plusieurs fois centenaires qui disparaissent de plus en plus rapidement, y compris dans le Parc national de Yosémite, vient de révéler une étude de l’Académie des sciences américaine ; de nombreuses rivières ont cessé de couler depuis deux ou trois ans, décimant des dizaines d’espèces de poissons et interdisant la remontée et la reproduction des saumons ; des milliers d’agriculteurs sont réduits au chômage sur des dizaines de milliers d’hectares ; l’érosion éolienne qui emporte des milliers de tonnes de terres rendant difficile ou impossible un retour à la culture ; les espèces animales, mammifères ou oiseaux, qui disparaissent ou fuient la Californie.

Quant aux phoques qui fréquentent le littoral et particulièrement le célèbre « Quai des pêcheurs » de San Francisco, ils sont en train de mourir de faim pour cause d’eau de mer trop chaude. Bien entendu, les nappes souterraines non réalimentées baissent dangereusement ou disparaissent. Pénurie qui interdit l’irrigation et rend aléatoire l’approvisionnement en eau des zones urbaines.

L’avenir proche est d’autant plus incertain que les stocks de neige de la Sierra Nevada n’ont jamais été aussi faibles, voire absents. Remplacés par d’immenses espaces d’herbes brulés. Dans les plaines agricoles, le conflit d’usage des eaux oppose de plus en plus fréquemment les consommateurs et les cultivateurs et souvent même ces agriculteurs entre eux. Des conflits débouchant de plus en plus fréquemment sur des batailles rangées, avec des morts et des blessés.

En annonçant la mesure coercitive décidée par les autorités, le gouverneur a déclaré :
« Nous abordons désormais un monde différent, nous devons donc nous comporter différemment. »

Outre les restrictions de l’usage de l’eau qui seront maintenues pendant toute la sécheresse, que les spécialistes annoncent comme pouvant durer car elle est la conséquence du dérèglement climatique, il sera désormais interdit d’arroser les golfs, les pelouses et les rues. Tous les citoyens, citadins ou ruraux, qui n’obtempèreront pas aux restrictions se verront appliquer des tarifs et des taxes destinés à les dissuader. Tous ceux qui ne respecteront pas les interdictions dont le plan sera publié dans quelques jours, pourront se voir infliger des amendes montant jusqu’à 10 000 dollars par jour…

Les Californiens ont tout simplement oublié qu’ils vivent au cœur ou au bord d’un désert et que les bouleversements climatiques sont une réalité.

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