Pour l’achat d’un aéroport, un TGV offert

Publié le 6 juin, un avis du ministère de l’Écologie valide un coûteux projet ferroviaire pour desservir le futur aéroport.

Thierry Brun  • 16 juillet 2015 abonné·es

L’issue du débat public autour des liaisons nouvelles ferroviaires Ouest Bretagne-Pays-de-la-Loire (LNOBPL) ne laisse aucun doute sur la volonté du gouvernement de lancer la construction du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Un avis du ministère de l’Écologie, publié au Journal officiel le 6 juin, indique qu’une nouvelle liaison ferroviaire intégrera « la thématique de la desserte de l’aéroport du Grand Ouest ». Il s’appuie sur une décision de SNCF-Réseau (ex-Réseau ferré de France), le maître d’ouvrage du projet, prise au mois de mai.

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) fait la sourde oreille en ce qui concerne l’actuel aéroport Nantes-Atlantique et la révision de son plan de gêne sonore (PGS). L’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa) lui réclame une révision du PGS « dans les plus brefs délais ». Dans son récent rapport annuel, l’Acnusa relève que l’actuel PGS « protège assez largement des zones d’habitation qui ne sont pas concernées » et estime que « l’hypothétique mise en service de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne justifie pas le maintien d’une telle pression sonore sans en atténuer les effets ». Mais revoir à la baisse le PGS met à mal un des principaux arguments pour Notre-Dame-des-Landes…

Le ministère reprend la conclusion du débat public qui s’est déroulé du 4 septembre 2014 au 3 janvier autour de trois scénarios de liaisons ferroviaires. Des liaisons qui passent toutes par le site du futur aéroport du Grand Ouest (AGO), menaçant le bocage ainsi que la zone humide du nord au sud. « Nous avions demandé l’annulation de ce débat en décembre 2014 car tout était biaisé dans ce dossier », rappelle Françoise Verchère, conseillère générale EELV de Loire-Atlantique et coprésidente du Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Cédpa). Auparavant, la Commission nationale du débat public (CNDP) avait été saisie en mai et en juin 2014 pour réaliser des expertises complémentaires demandées par les élus EELV des conseils régionaux de Bretagne et des Pays-de-la-Loire, France Nature environnement, le Cédpa et l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Acipa).

Les conclusions formulées dans les expertises complémentaires précisent que, sans la réalisation de la desserte, « aucun des scénarios ne serait économiquement rentable ». En clair, pour être viables, les projets d’aéroport et de liaison ferroviaire sont économiquement indissociables. Et leur coût est faramineux. La facture est estimée de 3 à 4 milliards d’euros (chiffres de 2012) pour la création de lignes nouvelles et de la desserte de l’AGO. Sans oublier « qu’il n’y a pas d’analyse fine en matière environnementale. Cette question ne fait pas partie des choix envisagés, alors que c’est un enjeu fort puisque le site est d’une richesse écologique remarquable », ajoute Françoise Verchère. Le choix de retenir la desserte de l’AGO est le signe que le gouvernement souhaite rendre irréversible la construction du nouvel aéroport international. « On n’imagine pas que le gouvernement se lance dans ces dossiers deux mois avant la COP 21 [Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, prévue du 30 novembre au 11 décembre à Paris]. Cela serait stupéfiant ! », réagit Françoise Verchère.

Écologie
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