La bio, l’agriculture qui récolte

Les agriculteurs bio entament une semaine de mobilisation pour convaincre les consommateurs qu’une alternative crédible à l’agriculture traditionnelle existe.

Sasha Mitchell  • 18 septembre 2015
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La bio, l’agriculture qui récolte
© Photo : MORITZ VENNEMANN / PICTURE ALLIANCE / PICTURE-ALLIANCE/AFP

C’est l’autre agriculture. Celle qui prend le contre-pied des grandes exploitations, de la production à bas coût et de l’exportation à tout prix. Celle qui fonctionne, surtout, loin de la crise des éleveurs et de la manifestation du 3 septembre place de la Nation, à Paris.

« Nous sommes pile-poil dans l’actualité, c’est vrai, mais nous n’avons pas attendu cela pour promouvoir la bio , lance Stéphanie Pageot, présidente de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab). On a beaucoup entendu parler de la crise des agriculteurs dans les médias, mais très peu des alternatives. »

À partir du 19 septembre et pendant une semaine, la Fnab organise 250 événements dans toute la France, de la dégustation de produits bio à la visite de fermes en passant par la tenue de tables rondes et de ciné-débats. Histoire de faire découvrir ces alternatives, justement.

« La bio et le local permettent de recréer du lien avec le consommateur, de relocaliser l’économie et de participer à la protection de l’environnement, détaille Stéphanie Pageot. Nous voulons montrer aux gens tout l’intérêt que cette forme d’agriculture peut avoir. »

Une progression des conversions vers la bio

En expansion limitée mais constante, le secteur pèse aujourd’hui plus de 5 milliards d’euros et compte 26 000 fermes au sein de son réseau. Preuve que la transition est en cours, la Fnab a recensé une augmentation de 35 % des conversions de l’agriculture traditionnelle vers le biologique, entre 2014 et 2015.

« De plus en plus d’agriculteurs se posent la question du mode de production, analyse la présidente de la Fnab. À chaque crise agricole, nous constatons qu’un certain nombre de producteurs décident de franchir le pas. D’abord pour des raisons économiques, car l’État fournit des aides, et ensuite parce qu’ils sont convaincus par la démarche. »

La carte des événements organisés dans le cadre de la semaine «Manger bio et local, c’est l’idéal».

Dans son programme « Ambition bio 2017 », dévoilé en mai 2013, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, tablait sur un doublement des surfaces agricoles « bio » en quatre ans. « On en est encore loin » , regrette Stéphanie Pageot. À l’heure actuelle, seules 4 % des surfaces agricoles utiles sont occupées par l’agriculture biologique (pour 7% des emplois dans le secteur), en deçà de l’objectif de 6 % fixé par le Grenelle de l’environnement pour… 2012.

Dans les assiettes publiques, le constat est similaire. La présence du bio dans les cantines scolaires reste exceptionnelle, de l’ordre de 2% des repas, quand le Grenelle prévoyait d’atteindre la barre des 20 % en 2017. « Nous avions poussé pour les 20 % en espérant que cela crée un appel d’air , relate Stéphanie Pageot. Mais aujourd’hui nous attendons une décision politique forte et l’accompagnement qui va avec. »

Au-delà des politiques et des fournisseurs, la Fnab cherche à « enclencher de nouvelles habitudes » chez les consommateurs. Tout au bout de la chaîne. Ceux qui ont le pouvoir de choisir la qualité et la provenance des aliments qu’ils décident de mettre dans leurs assiettes. Et d’accélérer l’expansion et la banalisation de la bio.

Écologie
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