De la difficulté d’être une journaliste voilée

Denis Sieffert  • 28 octobre 2015 abonné·es
De la difficulté d’être une journaliste voilée
© Photo: Patrick Kessel. THOMAS SAMSON / AFP

Suheda Asik est une journaliste de l’hebdomadaire franco-turc Zaman . Son journal l’avait chargée, lundi soir, de couvrir la cérémonie de remise du prix de la laïcité, organisée à l’Hôtel de ville de Paris par un comité Laïcité République. Mais voilà, Suheda Asik est voilée. Et c’est peu dire qu’elle n’a pas été la bienvenue dans les salons de la mairie où étaient notamment présents le Premier ministre Manuel Valls, et la maire, Anne Hidalgo.

Elle raconte sur le site de son journal les agressions verbales dont elle a été victime. « Enlevez votre voile » , lui a d’abord ordonné le préposé à l’accueil. La jeune femme s’y refuse et parvient finalement à entrer. Le même personnage la rattrape : « Vous êtes vraiment obligée de garder ça sur la tête ? » Quelques instants plus tard, une femme intervient sans ménagement : « Bonsoir, enlevez votre voile! » Ayant essuyé un refus, elle appelle un responsable qui exige de voir sa carte de presse. Sans doute pour des raisons de « sécurité » (voile=terrorisme…), et l’interroge : « Pour quel journal travaillez-vous ? » ; puis, sceptique : « Et vous suivez la laïcité ? » Suheda Asik réplique que son voile ne l’empêche ni de faire son métier, ni de réfléchir.

Un peu plus tard, la mairie de Paris présentera ses excuses à la journaliste. L’incident est clos, mais on ne peut s’empêcher de s’étonner du climat politique qui règne dans ce genre de manifestation.

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