Foot féminin : onze femmes puissantes

Les Black-Blanches-Beurs font des étincelles sur le terrain et commencent à captiver un public lassé des mâles milliardaires.

Patrick Piro  • 16 décembre 2015 abonné·es
Foot féminin : onze femmes puissantes
© Photo : Fife/AFP

On joue la 79e minute le 17 juin dernier à Ottawa. Amandine Henry reçoit la balle à trente mètres du but mexicain. Personne pour la charger. La capitaine de l’équipe de France de football prend tout son temps pour déclencher un missile qui va se loger dans la lucarne de Cecilia Santiago. C’est le plus beau but de la dernière Coupe du monde féminine de football. Avec un 5 à 0, les commentateurs s’enflamment, comparent Amandine à Thierry.

Face à la Corée du Sud, les superlatifs redoublent sur un bijou d’action collective : un billard à une touche de balle entre cinq attaquantes, et l’ouverture du score. En quart de finale, les Françaises seront éliminées par l’Allemagne après avoir mérité de gagner. Comme les mecs. On devine qu’elles y ont acquis un surcroît de respect parmi les 4,1 millions de spectateurs rivés à leur poste sur W9 ce soir-là. Record d’audience explosé pour la petite chaîne qui avait acquis les droits de retransmission. La sortie de l’anonymat médiatique date de 2011, quand les filles se hissent en demi-finale de la Coupe du monde contre les États-Unis (des cadors). Elles pointent aujourd’hui au 3e rang mondial.

C’est connu, les résultats drainent la popularité, mais c’est insuffisant pour un public biberonné aux prouesses d’Ibra. Si Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Marie-Laure Delie, Wendie Renard, Laure Boulleau, Camille Abily ou Sarah Bouhaddi plaisent, c’est aussi parce que « ça joue ». Fluide, technique, collectif et même puissant. À moins qu’il ne s’agisse d’une question de valeurs. Un sondage, début juin, révélait que 81 % des fans (masculins, surtout) des Blacks-Blanches-Beurs décelaient chez elles plus de fair-play, de sincérité et d’humilité que chez les Bleus. D’autant que, côté fric, ça brasse à des niveaux risibles. Le plus gros transfert tape à 100 000 euros (800 fois moins que pour Anthony Martial). Quand Gaëtane Thiney raconte ses primes de victoire « à 100 euros », avant 2011, on écraserait une larme. À croire que le foot féminin est devenu le refuge rédempteur des aficionados écœurés des frasques inouïes du monde des mâles à balle.

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