«Nuit debout», ça recommence !

Après une première nuit d’occupation, les citoyens gardent le cap. Déterminés, les manifestants souhaitent s’emparer de la place de la République jusqu’à dimanche, au moins.

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 1 avril 2016 abonné·es
«Nuit debout», ça recommence !
© Chloé Dubois

Des souvenirs de la soirée d’hier, il en reste peu ce vendredi matin. Place de la République à Paris, les inscriptions dessinées au sol ont été nettoyées au karcher. Les tentes et autres abris de fortunes ont été retirés. Seul vestige, la tente «infirmerie» et les quelques banderoles qui l’entoure. C’est presque comme si rien ne s’était passé.

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Et pourtant, les occupants sont encore là. Une petite dizaine sont restés mobilisés, relayant ceux qui ont passé la nuit debout. «Et nous entendons garder la place jusqu’à dimanche», prévient l’un d’eux. Alors en attendant l’assemblée générale prévue ce soir, à 18 h, les manifestants font connaissance, racontent le déroulement de la soirée aux passants qui s’arrêtent. Tous construisent la mobilisation autrement, et discutent des changements qu’ils espèrent…

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«L’évacuation a eu lieu vers 5 h ce matin, raconte un occupant de la place. À l’heure de l’ouverture du métro. Nous étions encore entre 50 et 80 personnes je pense.» «Une jeune femme a été traînée par terre par un gendarme», raconte un autre. Parmi les contestataires présent ce vendredi dans la matinée, seuls deux ou trois ont passé la nuit ici. Les autres ont apporté le petit déjeuner : 30 kilos de pain, et des dizaines de viennoiseries. Petit à petit, les manifestants organisent la manifestation statique prévue ce soir. L’objectif ? Que le week-end amène les travailleurs, et que ça dure jusqu’à dimanche. «Ce que nous souhaitons, c’est que ce rassemblement soit festif et devienne le lieu de la convergence des luttes ; l’intérêt est d’occuper un espace public», réagit un jeune manifestant.

Peu après 11h, les CRS encore présents par petits groupes sur la place partent en courant. Direction Nation, où une manifestation sauvage de jeunes lycéens s’est formée. C’est à coup de sirènes hurlantes que les forces de l’ordre abandonnent la République, laissant aux quelques manifestants un peu de répit. Ils profitent de ce départ en fanfare pour aller chercher leurs pancartes, déplacées ce matin par les gendarmes. L’un d’eux, inspiré, se lance même dans la création d’une autre.

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«Ce qu’ils veulent, c’est nous faire peur», lance une jeune contestataire à l’égard des camions de gendarmeries, qui ne cessent d’aller et venir à grande vitesse. «Escortée» par les forces de l’ordre, les lycéens débarquent finalement dans le calme à République, aux alentours de 12h30. Les occupants les accueillent avec le sourire. L’un d’eux se met même à les applaudir.

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D’abord encerclée pour contenir la petite foule de lycéens, la place se vide peu à peu. Peu au fait des événements, les jeunes lycéens ne semblent pas être venu soutenir les occupants, croyant qu’ils n’étaient plus là. «Notre cortège est partis de Nation. Nous devions simplement nous rendre à République, d’autant que les manifestants de Nuit Debout ont été évacués», nous explique un groupe de lycéens, ne sachant pas qu’en réalité, ils venaient de passer devant eux.

Cet après-midi, la page Facebook Nuit Debout lançait un appel aux volontaires pour 17h, afin de permettre notamment aux équipes de terrain de se relayer.

L’équipe de Politis s’organise également pour être en mesure de faire un direct de la soirée.