À Paris, l’Orchestre debout joue contre le coup d’État au Brésil

Alors que le gouvernement intérimaire de Michel Temer est touché par ses premiers scandales, les mouvements citoyens redoublent d’effort pour dénoncer le coup d’État qui a éloigné Dilma Roussef du pouvoir. En France, un collectif très actif depuis deux mois participe à Nuit debout.

Patrick Piro  • 6 juin 2016
Partager :
À Paris, l’Orchestre debout joue contre le coup d’État au Brésil
© Photo : Patrick Piro.

Onze jour à peine après sa nomination, le ministre du Plan Romero Jucá était contraint à la démission, le 23 mai : il a été coincé par des écoutes téléphoniques où il expose sa stratégie politique – sceller un pacte entre politiques pour annihiler l’enquête judiciaire sur l’énorme scandale du « Lava jato » (opération « kärcher ») de pots-de-vin autour de la compagnie pétrolière nationale Petrobrás, et fomenter un coup d’État contre la présidente élue Dilma Roussef. Le 30 mai, démission du ministre… de la Transparence, Fabiano Silveira, lui aussi trop clairement bavard sur ses intentions – utiliser les leviers de l’administration pour défendre ses alliés politiques (la droite) mouillés dans des affaires de corruption.

D’autres candidats sont menacés par la trappe : le tiers des ministres du gouvernement Temer (dont lui-même) sont a minima cités dans une affaire de justice. Les mouvements sociaux, en ébullition, s’en donnent à cœur joie pour fustiger l’hypocrisie de ces conspirateurs qui ont prétendu, des trémolos dans la voix, engager la destitution de la présidente élue Dilma Roussef (qui sera définitivement fixée sur son sort à l’automne) dans le but sauver la patrie de la corruption.

À l’étranger, devant la mollesse des réactions, et notamment de certains médias (jusqu’au déni, comme ce fut le cas pour le quotidien Le Monde), de nombreux collectifs ont organisé, autours de Brésiliens expatriés, la bataille de l’information ainsi que la résistance.

Samedi 4 juin, c’est « Brésil debout » qui manifestait Place de la République à Paris, dans le cadre de Nuit debout, en présence de Miguel Stédile, de la coordination nationale du Mouvement des sans-terre brésilien (MST). Et avec la complicité très active de L’Orchestre debout, qui a accompagné une chorale fournie pour interpréter « _Apesar de você » : « Tu n’y pourras rien ! » est une chanson emblématique de la lutte contre la dictature qui a régi le Brésil de 1964 à 1985, où Chico Buarque, alors exilé, ridiculise avec toute sa poésie celui (le dictateur) qui a inventé « toute l’obscurité », qui « insiste pour empêcher le coq de chanter » et n’arrivera pas « à s’expliquer pourquoi le ciel s’éclaircira impunément » ce jour qui viendra « plus vite que tu n’imagines », car « Tu n’y pourras rien, demain, oui, sera un autre jour ! »

À lire >> « Brésil debout », place de la République.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

En Sicile, les damnés de la serre
Italie 10 avril 2024 abonné·es

En Sicile, les damnés de la serre

Dans l’une des plus grandes concentrations de serres d’Europe, les abus sont légion. Ces dernières années, le racket des ouvriers tunisiens venus avec un visa s’est généralisé.  
Par Augustin Campos
La gauche grecque, du pouvoir à la marginalisation
Monde 3 avril 2024 abonné·es

La gauche grecque, du pouvoir à la marginalisation

Avec l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras en 2015, le pays devait faire figure de modèle pour les gauches radicales d’Europe. Près de dix ans plus tard, Syriza cumule les échecs électoraux et les espoirs se sont éteints.
Par Angélique Kourounis
Turquie : « J’ai vécu un remake de l’affaire Dreyfus »
Monde 27 mars 2024 abonné·es

Turquie : « J’ai vécu un remake de l’affaire Dreyfus »

La quasi-totalité des édiles du Parti démocratique des peuples élus en 2019 ont été destitués par le régime turc au bout de quelques mois. C’est le cas d’Adnan Selçuk Mızraklı, porté à la tête de Diyarbakır avec 63 % des voix, qui depuis est en prison. Nous sommes parvenus à établir avec lui une correspondance écrite clandestine.
Par Laurent Perpigna Iban
À Jérusalem-Est, un ramadan sous pression
Monde 20 mars 2024 abonné·es

À Jérusalem-Est, un ramadan sous pression

En Palestine occupée, le mois saint de l’islam cristallise les tensions alors que les Palestiniens font face à de nombreuses restrictions de l’accès au mont du temple et à la mosquée Al-Aqsa. Elles illustrent le régime légal que des organisations de défense des droits humains qualifient d’apartheid. 
Par Philippe Pernot