Emmanuel Macron, élu malgré une forte abstention

L’ancien ministre de l’Économie a été élu dimanche président de la République, en battant largement Marine Le Pen lors d’un second tour marqué par un reflux de la participation électorale.

Michel Soudais  • 7 mai 2017
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Emmanuel Macron, élu malgré une forte abstention
© Photo : Emmanuel Macron ne doutait pas de son élection en allant voter le 7 mai au Touquet (THIERRY CHESNOT/Getty Images/AFP)

Sans vraie surprise, Emmanuel Macron a remporté l’élection présidentielle avec 65,5 % des voix. Un score net. Bien loin toutefois des 80 % engrangés en 2002 par Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen. Et quelque peu entâché par une forte abstention et un nombre de bulletins blancs et nuls estimé à 8 % des votants, soit quelque 4 millions de voix.

Ce second tour a en effet été marqué par une forte abstention, estimée entre 25 et 27 %, ce qui constitue un record depuis l’élection présidentielle de 1969. Alors qu’à chaque élection présidentielle, la participation électorale était plus importante au second tour qu’au premier, elle a cette fois baissé, signe d’une incontestable défiance des électeurs face à un candidat au positionnement ambigu, qui se dit « et de droite et de gauche », qui prétend renouveler le système politique en étant soutenu par de vieilles figures du PS, du centre, de la droite et l’essentiel des grandes fortunes du pays.

La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement sur le peuple français na pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là !

Plus jeune président de la République à 39 ans, devant même Louis-Napoléon Bonaparte, Emmanuel Macron devient le huitième président de la Ve République. Sa victoire a été saluée par ses fans à qui il avait donné rendez-vous sur l’esplanade du Louvre. Le nouvel élu doit y prendre la parole dans la soirée. Le choix de ce décor, symbole du passé royal de la France, s’il permet de répondre aux exigences de sécurité que les circonstances commandent – d’autres espaces pouvaient y satisfaire –, colle bien à la nostalgie monarchique qu’exprimait le nouvel élu dans un entretien au journal Le 1 hebdo, le 5 juillet 2015 :

Il ne faudrait pas qu’avec cette élection, qui est tout sauf un vote d’adhésion, Emmanuel Macron s’imagine pouvoir incarner ce roi absent. Le successeur de François Hollande doit encore faire la preuve qu’il dispose d’une majorité pour gouverner. Ce sera un des enjeux des élections législatives des 11 et 18 juin.

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