« Deputies welcome ! » : une action pour l’accueil des réfugiés

Et si, pour la rentrée des députés, on parlait des exilés ? À côté de l’Assemblée nationale se sont rassemblés mardi 28 juin des collectifs d’aide aux migrants, pour interpeller les nouveaux élus sur l’urgence de la situation, laissée à la charge des citoyens.

Maïa Courtois  • 28 juin 2017
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« Deputies welcome ! » : une action pour l’accueil des réfugiés
© PHOTO : Danièle Obono, députée FI, interpellée par des citoyens solidaires avec les exilés.

À deux pas de l’Assemblée nationale où elle a fait sa rentrée ce matin, Yaël Braun-Pivet, députée La République en marche (LREM) des Yvelines [1], peine à répondre sous la pluie aux citoyens venus interpeller les nouveaux élus sur la politique migratoire :

« Mais non, les discours d’Emmanuel Macron et de Gérard Collomb ne sont pas contradictoires… Ce sont comme les deux faces d’une même pièce. Il faut être ferme, tout en étant humain.

– La situation à Calais est catastrophique, et le ministre de l’Intérieur vient dire aux assos d’aller faire leur travail ailleurs : c’est ça, votre définition de l’humanité ?

– Écoutez, là je ne vais pas m’engager dans un débat politique, il faut que je retourne à l’Assemblée, et en plus il pleut. »

Danièle Obono, députée France insoumise, a l’air d’être plus à l’aise dans l’exercice : « Merci pour votre travail, vraiment, vous sauvez l’honneur de la France. Nous on fera le relais, on mènera bataille à l’Assemblée. »

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Le collectif Sursaut citoyen a organisé l’action « Deputies welcome ! » pour rassembler différentes associations solidaires avec les exilés. Certains brandissent des petits drapeaux où sont répertoriés, sur une carte de France, des points de couleurs représentant toutes les initiatives. Une cartographie des lacunes de l’État comblées par des citoyens ordinaires. Parmi eux, les bénévoles du comité Solidarité Migrants Wilson. Ils distribuent des petits-déjeuners aux désœuvrés de la porte de la Chapelle, et ils sont à bout :

Tous les matins on fait chauffer chez nous des litres de lait chaud dans de grandes casseroles, pour les apporter ensuite. Ça fait des mois que ça dure. On a rendu visibles les besoins, maintenant l’État doit prendre en charge.

Certains citoyens sont venus de loin. L’association Terre d’Ancrages, initiée par des étudiants de l’ENS de Lyon, a fait le trajet jusqu’à Paris… à vélo. Un voyage de près de 650 kilomètres reliant, à chaque étape, des villes où se sont tissées de fortes solidarités avec les personnes migrantes. Danièle, retraitée sans affiliation associative, est venue de Bruniquel, près de Montauban. Elle raconte que son petit village de 600 habitants s’est transformé avec l’ouverture d’un CAO (Centre d’accueil et d’orientation). Le « rejet violent des gens » est devenu, au fil des rencontres avec les exilés, une dynamique d’entraide portée par « une centaine de bénévoles » : accompagnement administratif, accueil dans leurs maisons… et organisation d’une coopérative de maraîchage, « pour essayer de leur trouver du boulot ». Elle craint de ne pas recevoir d’aides pour ce projet : « L’État peut plus que les citoyens… mais en attendant, on se débrouille comme on peut. Et à 77 ans, c’est du boulot ! »

Le rappeur Kalune, venu chanter le poing levé sur la petite place, confie aussi ses appréhensions : « Il est nécessaire d’organiser un contre-pouvoir, un monde de partage, à partir de la base. Parce que le gouvernement joue sur des doubles discours, sur la communication. On est dans le flou. Je n’ai jamais eu aussi peur qu’avec cette présidence Macron. »

[1] Pressentie pour devenir présidente de la commission des lois.

Société
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