La grève de la faim d’une militante tunisienne des droits de l’homme

Radhia Nasraoui proteste contre la levée de la protection présidentielle sur son mari, Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des travailleurs et porte-parole du Front Populaire.

Denis Sieffert  • 27 juillet 2017
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La grève de la faim d’une militante tunisienne des droits de l’homme
photo : Rahdia Nasraoui (à gauche) et son mari Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des travailleurs et porte-parole du Front Populaire (FP) (au centre).
© FETHI BELAID / AFP

Militante des droits de l’Homme, membre du sous-comité de lutte contre la torture à l’ONU et présidente de l’Organisation contre la torture en Tunisie, Radhia Nasraoui, 64 ans, vient d’entamer sa deuxième semaine de grève de la faim, débutée le 11 juillet.

Rahdia Nasraoui proteste contre la levée de la protection présidentielle sur son mari, Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des travailleurs et porte-parole du Front Populaire (FP) (une coalition politique tunisienne regroupant douze partis politiques et associations de gauche, nationalistes et écologistes), pourtant sous la menace d’être assassiné, comme l’ont été deux autres dirigeants du Front populaire, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, en 2013.

« Je vais continuer la grève de la faim jusqu’à ma mort s’il le faut. Je ne peux pas me taire tant que mon mari est menacé », a déclaré Rahdia Nasraoui sur une radio privée. « J’ai participé à la défense des victimes de la répression sous Bourguiba et sous Ben Ali (de gauche, libéraux, islamistes, nationalistes arabes, salafistes, étudiants, syndicaliste, défenseurs des droits de l’homme, journalistes, etc.), ce n’est pas aujourd’hui que je vais laisser tomber mon mari », a-t-elle ajouté, montrant sa détermination.

Depuis l’assassinat de Chokri Belaïd, en février 2013, Hamma Hammami était protégé par la garde présidentielle. Il a été informé récemment que sa sécurité serait désormais assurée par le ministère de l’Intérieur. Une décision qui met la vie de Hamma Hammami en danger. « Avec la garde présidentielle, précise Radhia Nasraoui, la protection était permanente. Avec les services du département de l’Intérieur, elle sera ponctuelle sur demande et uniquement durant les activités officielles. »

La militante estime que cette décision du gouvernement est une punition contre son mari, en raison de ses dernières prises de position contre l’alliance au pouvoir, notamment en faveur d’élections législatives anticipées. Le porte-parole du FP a récemment jugé possible de mobiliser de nouvelles ressources financières, ainsi que de lutter contre la corruption, l’évasion fiscale, l’économie parallèle et les importations anarchiques. Le gouvernement de Youssef Chahed est issu d’une coalition soutenue notamment par les laïques de Nidaa Tounes et les islamistes d’Ennahdha.

[1] Une pétition de soutien à Hamma Hammami est disponible ici.

Monde
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