Le recul de Netanyahou

Le Premier ministre israélien a dû ordonner le démantèlement des portiques dits de sécurité disposés à l’entrée de l’esplanade des Mosquées.

Denis Sieffert  • 25 juillet 2017 abonné·es
Le recul de Netanyahou
Photo : des fidèles musulmans prient devant la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, en signe de protestation contre les mesures de sécurité que Benjamin Netanyahou avait voulu imposer.
© Ahmad GHARABLI / AFP

Le Premier ministre israélien a finalement dû battre en retraite et ordonner le démantèlement des portiques dits de sécurité disposés à l’entrée de l’esplanade des Mosquées. Non sans avoir promis l’installation d’un autre dispositif dans les mois à venir. Il semble que ce soit l’intervention de la Jordanie, dont dépend le Waqf, l’institution qui gère les lieux saints, qui aura été décisive. Plus peut-être que le Shin Beth (les services de renseignements israéliens) et l’armée, hostiles à ce qui ressemblait à une provocation. Par deux fois dans le passé, Israël avait provoqué des violences en s’attaquant aux très symboliques lieux saints de Jérusalem-Est. En 1996, c’est Netanyahou déjà qui avait ordonné l’ouverture d’un tunnel longeant l’esplanade au prétexte de fouilles archéologiques. Les incidents qui s’ensuivirent avaient fait près de cent morts. En septembre 2000, la « visite » d’Ariel Sharon avait été à l’origine de la deuxième Intifada. Mais la toile de fond de l’affaire des portiques est évidemment, et plus largement, la question coloniale.

Depuis la conquête militaire de Jérusalem par Israël, en juin 1967, et son annexion, en 1980, la colonisation de la partie Est de la ville est une politique constante de l’État hébreu. Il s’agit à la fois d’annihiler la revendication historique des Palestiniens qui veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État, et de rompre la continuité territoriale de la Cisjordanie en étendant la colonisation dans l’arrière-pays. L’esplanade est donc un enjeu doublement sensible, pour des raisons religieuses et nationales. Plus de 250 000 colons juifs vivent actuellement à Jérusalem-Est, soit autant que la population palestinienne. En janvier dernier, la colonisation a été relancée. La mairie israélienne de Jérusalem a donné son feu vert pour la construction de 566 logements dans les quartiers de colonisation de Pisgat Zeev, Ramot et Ramat Shlomo. Le 20 juillet, un projet de construction de 1 100 nouvelles unités situées entre Jérusalem et Ramallah a été annoncé.

Dans ce contexte, les proclamations d’amitié et les étreintes d’Emmanuel Macron avec le Premier ministre israélien, qu’il a reçu le 16 juillet à Paris, sont d’autant plus insupportables aux yeux des Palestiniens. Les incidents de ces derniers jours qui ont fait huit morts et 800 blessés – dans leur immense majorité des Palestiniens – viennent également rappeler que le conflit demeure central dans la poudrière du Moyen-Orient. Et qu’il ne se réglera pas par une sorte de renoncement progressif des Palestiniens à leur revendication historique.

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