Migration : un déclassement professionnel à l’arrivée en France

La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publie les résultats d’une enquête sur la position professionnelle des nouveaux détenteurs d’un titre de séjour, menée entre 2010 et 2013.

Alexandra Scappaticci  • 30 mars 2018
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Migration : un déclassement professionnel à l’arrivée en France
© photo : PATRICK KOVARIK / AFP

La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), publie ce vendredi une analyse sur la situation professionnelle des détenteurs d’un titre de séjour après migration. Elle repose sur l’enquête longitudinale sur l’intégration des primo-arrivants (Elipa), réalisée par la Direction générale des étrangers en France (DGEF) du ministère de l’Intérieur entre 2010 et 2013.

Environ 100 000 immigrés par an obtiennent un titre de séjour provisoire et signent un « contrat d’accueil et d’intégration » (CAI), devenu obligatoire en 2006. Il impose notamment à tout nouvel arrivant une formation civique et linguistique visant une meilleure intégration sur le territoire. Les signataires du CAI en 2009 ont été successivement interrogés en 2010, 2011 et 2013, dans le cadre de l’enquête Elipa.

Ces nouvelles arrivées sur le territoire français découlent essentiellement du regroupement familial et de l’application du droit d’asile. Près de 68 % des personnes concernées sont d’origine africaine, 13 % d’origine asiatique.

L’étude de 2010 constate une « forte dégradation de la situation sur le marché du travail après la migration », qui entraîne une hausse du risque de chômage pour les hommes comme pour les femmes. Les détenteurs d’un titre de séjour ayant trouvé un emploi travaillent majoritairement dans un nombre restreint de secteurs d’activité – bâtiment et travaux publics, commerces, hôtellerie et restauration, services aux particuliers – où ils occupent des postes peu qualifiés. Ainsi, 54 % d’entre eux occupent une position professionnelle moins favorable qu’avant leur arrivée en France, seuls 19 % d’entre eux connaissent une amélioration. Les femmes, les diplômés et les réfugiés sont impactés de manière plus importante par ce phénomène de déclassement professionnel. Pour autant, leur sentiment de satisfaction vis-à-vis de l’emploi occupé est dans l’ensemble positif.

Les personnes ayant immigré pour un motif professionnel augmentent en revanche leurs chances d’occuper une position plus élevée.

De nouveau interrogés trois ans après l’obtention du titre de séjour, en 2013, les nouveaux détenteurs seraient plus souvent actifs et plus nombreux à occuper des emplois plus qualifiés qu’en 2010 : 32 % occupent une situation professionnelle plus élevée, la moitié une position identique, 15 % une position moins élevée.

Société
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