L’aventure personnelle d’Andréa Kotarac

C’est faire beaucoup de publicité à Marine Le Pen que de donner de l’importance au ralliement de ce conseiller régional LFI.

Denis Sieffert  • 17 mai 2019
Partager :
L’aventure personnelle d’Andréa Kotarac
© Photo : Capture d'écran.

Il est fait grand cas dans les médias du passage, avec armes et bagages, d’un militant France insoumise au Rassemblement national. Andréa Kotarac – c’est son nom – était jusqu’ici conseiller régional, représentant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, en Auvergne-Rhône-Alpes. Il n’était ni un anonyme, ni non plus un haut responsable de LFI. Il n’empêche que pour Marine Le Pen, c’est une belle prise de guerre à dix jours des élections européennes. La présidente du Rassemblement national a reconnu, jeudi sur France Inter, avoir déjeuné « il y a quelques semaines » avec le futur transfuge. L’affaire ne doit donc rien au hasard.

Mais jusqu’à preuve du contraire, cela reste une aventure personnelle. On apprendra sans doute par la suite ce que le parti de Marine Le Pen a promis à Kotarac pour ce que Mélenchon a qualifié de « trahison ». Pour autant, il n’est pas interdit de tirer quelques leçons de cet acte isolé. Kotarac est un proche ami de Djordje Kuzmanovic, longtemps conseiller international de Mélenchon, mis à l’écart de LFI fin 2018. A-t-il fait finalement autre chose que pousser au bout la logique de Kuzmanovic, nationaliste, souverainiste, et ardent « poutinophile » ? Si ce dernier a qualifié le choix de Kotarac de _« profonde erreur », « absurde politiquement », son courant de pensée, aujourd’hui très minoritaire au sein de LFI, avait exploité, sinon inspiré la ligne populiste dont Mélenchon s’est fort heureusement éloigné.

Kotarac a sans doute aussi tiré des leçons d’un discours qui demande aux électeurs d’infliger, le 26 mai, une défaite à Macron. On peut comprendre et partager cet objectif, et en pressentir en même temps l’effet pervers. Les sondages, la mise en scène par la majorité d’un duel qui répète le deuxième tour de la présidentielle de 2017, tout pouvait amener un personnage sans principes à transformer le vote pour l’extrême droite en « vote utile ». Le « vote utile » de Kotarac est pour l’instant isolé, et il y a tout lieu de penser qu’il le restera.

Soutenez Politis, faites un don !

Envie de soutenir le journal autrement qu’en vous abonnant ? Faites un don et déduisez-le de vos impôts ! Même quelques euros font la différence. Chaque soutien à la presse indépendante a du sens.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Macronie : la République en panne
Impasse • 25 mars 2023

Macronie : la République en panne

Emmanuel Macron rêve de dessiner un « cap » et les idées pleuvent pour chercher à éteindre le feu de la crise des retraites. Mais elles sont révélatrices d’un vide idéologique profond au sein de la majorité et du parti présidentiel.
Par Lucas Sarafian
Chez les Républicains, le spectre de la disparition
Droite • 21 mars 2023

Chez les Républicains, le spectre de la disparition

Une image de premier allié du gouvernement, un groupe parlementaire divisé et un parti fracturé… Les Républicains craignent désormais la dislocation de leur famille politique, à l’image de toutes les divergences de leurs lignes sur la réforme des retraites.
Par Lucas Sarafian
Après le 49.3, la Nupes peut-elle convertir la colère en adhésion ?
Politique • 21 mars 2023

Après le 49.3, la Nupes peut-elle convertir la colère en adhésion ?

Le passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites a donné du carburant à la contestation sociale. Galvanisée par l’aveu de faiblesse du camp présidentiel, la coalition de gauche se tient prête à tous les scénarios dans les semaines à venir.
Par Jonathan Trullard
Quand Olivier Marleix (LR) prévenait :  « On ne sera pas complice d’une méthode trop brutale »
Retraites • 10 mars 2023

Quand Olivier Marleix (LR) prévenait : « On ne sera pas complice d’une méthode trop brutale »

Sous la pression d’un gouvernement qui dégaine tous les articles en sa possession pour accélérer le débat parlementaire et obtenir un vote sur la réforme des retraites avant dimanche, la droite, bien que visiblement en phase avec le contenu du texte, suivra-t-elle la méthode imposée par le gouvernement ?
Par Lily Chavance