L’aventure personnelle d’Andréa Kotarac
C’est faire beaucoup de publicité à Marine Le Pen que de donner de l’importance au ralliement de ce conseiller régional LFI.

Il est fait grand cas dans les médias du passage, avec armes et bagages, d’un militant France insoumise au Rassemblement national. Andréa Kotarac – c’est son nom – était jusqu’ici conseiller régional, représentant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, en Auvergne-Rhône-Alpes. Il n’était ni un anonyme, ni non plus un haut responsable de LFI. Il n’empêche que pour Marine Le Pen, c’est une belle prise de guerre à dix jours des élections européennes. La présidente du Rassemblement national a reconnu, jeudi sur France Inter, avoir déjeuné « il y a quelques semaines » avec le futur transfuge. L’affaire ne doit donc rien au hasard.
Mais jusqu’à preuve du contraire, cela reste une aventure personnelle. On apprendra sans doute par la suite ce que le parti de Marine Le Pen a promis à Kotarac pour ce que Mélenchon a qualifié de « trahison ». Pour autant, il n’est pas interdit de tirer quelques leçons de cet acte isolé. Kotarac est un proche ami de Djordje Kuzmanovic, longtemps conseiller international de Mélenchon, mis à l’écart de LFI fin 2018. A-t-il fait finalement autre chose que pousser au bout la logique de Kuzmanovic, nationaliste, souverainiste, et ardent « poutinophile » ? Si ce dernier a qualifié le choix de Kotarac de _« profonde erreur », « absurde politiquement », son courant de pensée, aujourd’hui très minoritaire au sein de LFI, avait exploité, sinon inspiré la ligne populiste dont Mélenchon s’est fort heureusement éloigné.
Kotarac a sans doute aussi tiré des leçons d’un discours qui demande aux électeurs d’infliger, le 26 mai, une défaite à Macron. On peut comprendre et partager cet objectif, et en pressentir en même temps l’effet pervers. Les sondages, la mise en scène par la majorité d’un duel qui répète le deuxième tour de la présidentielle de 2017, tout pouvait amener un personnage sans principes à transformer le vote pour l’extrême droite en « vote utile ». Le « vote utile » de Kotarac est pour l’instant isolé, et il y a tout lieu de penser qu’il le restera.
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