Revoir Sacha Guitry

Trop d’idées reçues circulent à propos du cinéma de Sacha Guitry : parce qu’on a trop vu ses films « historiques », qui ne sont pas ses meilleurs (Si Versailles m’était conté), ou parce qu’on l’associe à du théâtre filmé désuet. Bienvenue, la rétrospective que le Festival de cinéma de La Rochelle vient de lui consacrer, dans des versions restaurées, a fait tomber ces poncifs. Le Comédien, Donne-moi tes yeux, ­Faisons un rêve, Mon père avait raison ou La Poison, pour ne citer qu’eux, sont au contraire des films d’une modernité incroyable.

Au lieu de susciter une sensation de désuète rigidité, l’impression de légèreté domine, chaque mouvement de caméra ayant une grâce aérienne, y compris quand Guitry adapte à l’écran une de ses propres pièces. Les acteurs, dont les visages apparaissent souvent en gros plan (Jacqueline Delubac, l’inénarrable Pauline Carton, ou Guitry lui-même), par définition de nature cinématographique, jouent avec vivacité et servent des dialogues hilarants quand il s’agit de comédie, brillants si l’on veut, mais surtout plus subtils qu’on pourrait le croire. Nombre des films présentés à La Rochelle ressortiront le 1^er novembre. Nous y reviendrons alors largement.