Basse vengeance au PS de l’Hérault

Michel Soudais  • 29 janvier 2007
Partager :

Georges Frêche a été exclu « définitivement » du parti socialiste samedi. C’est une bonne nouvelle, même si cette sanction intervient après bien des dérapages et des hésitations de la direction du PS.

Il ne faudrait cependant pas croire que cette mise à l’écart va changer les mœurs de la fédération de l’Hérault. Ses responsables, à commencer par son premier fédéral, le député européen Robert Navarro, restent fidèles à l’empereur de Septimanie qui, de la présidence du conseil régional, continuera de faire la pluie et le beau temps au sein du PS local.

Samedi , quelques heures à peine après que la commission nationale des conflits du PS eu prononcé sa sentence à l’unanimité, la commission des conflits de la fédération héraultaise votait l’exclusion de René Revol, à la majorité simple .

Qui est René Revol ? Membre du conseil national du PS, au titre de la motion présentée par Laurent Fabius, ce professeur de philosophie est aussi vice-président de PRS. Très actif lors de la campagne du « non » dans l’Hérault, il est l’un des rares socialistes à avoir signé, dès le 10 mai, l’appel pour une alternative à gauche et des candidatures unitaires.

Cheville ouvrière de la coordination des CUAL (Collectifs unitaires antilibéraux) de l’Hérault, membre du Collectif unitaire d’initiative national, il figurait parmi les porte-parole provisoires nationaux désignés lors de la rencontre nationale des collectifs de Saint-Denis.

A ce titre, il a participé au cours de l’automne à de nombreuses réunions unitaires et été l’un des artisans du succès du meeting unitaire de Montpellier (4000 participants), le 17 novembre.

Que lui reproche-t-on? Officiellement, aucune des activités mentionnées ci-dessus. Mais d’avoir refusé de faire campagne pour un des trois candidats socialistes lors de la campagne de désignation interne. Une accusation surréaliste: René Revol était en effet l’un des deux mandataires de Laurent Fabius dans cette fédération.

René Revol aurait aussi dénigré publiquement sa fédération, ses dirigeants et ses grands élus, pour fonctionnement non démocratique. Mais ce fonctionnement, qui n’est plus à démontrer, est l’objet de critiques avérées et partagées par de nombreux socialistes, y compris dans les instances dirigeantes de Solferino.

Cette exclusion est-elle fondée? Non. Elle ne repose sur aucune base et a été décidée au mépris des règles de droit. Le récit que fait René Revol des circonstances de sa comparution devant l’instance disciplinaire fédérale est édifiant (télécharger sa «lettre à [ses] amis socialistes» au bas de ce post). Il a donc décidé de faire appel et se réserve la possibilité de défendre son droit devant la justice de la République.

Il serait inconcevable que le PS exclut de ses rangs l’un des rares militants héraultais qui ait osé s’opposer publiquement au système Frêche, au moment où le PS semble vouloir en finir avec ce dernier.

Voir aussi la réaction de Jean-Luc Mélenchon

Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don