Pauvre Simone Veil…

Michel Soudais  • 29 avril 2007
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Une campagne électorale est un exercice lobotomisant. Même les personnes que l’on croyait dotées de raison, capables de jugement et empruntes de distinction, cèdent aux pires travers démagogiques.

Voyez Simone Veil: La présidente du comité de soutien à Nicolas Sarkozy, qui a couvert de son «autorité morale» la reprise par son champion des idées du FN, était cet après midi à Bercy, où le candidat de l’UMP avait réuni ses supporters (c’est le mot!) pour un ultime show en région parisienne avant le second tour. Elle a pris la parole à la tribune, privilège rare. Et là, en trois minutes à peine, l’ancienne ministre de la Santé, qui a avoué n’avoir «jamais vu autant de gens réunis» , a enchaîné deux bourdes et une ânerie.

D’abord, Simone Veil a tenu à préciser qu’elle ne s’était «pas ralliée» à Nicolas Sarkozy. «Dès que j’ai su qu’il était candidat, j’ai su que je le soutiendrai , a-t-elle raconté. Je n’ai pas pu le faire tout de suite parce que j’étais au Conseil constitutionnel, mais j’attendais avec impatience de pouvoir en être sortie pour pouvoir le faire.» Merci Madame de cet aveu. Il éclairera, on l’espère, les derniers naïfs qui pensent encore que les membres du Conseil constitutionnel seraient des «Sages» dénués d’esprit partisan.

Simone Veil a ensuite confié avoir choisi «Nicolas» parce qu’il est «courageux» . «Son courage , a-t-elle expliqué, c’est de dire on va vraiment faire l’Europe.» A ce propos, l’ancienne présidente du Parlement européen lui sait gré d’avoir eu «le courage aussi par rapport aux deux autres qui étaient candidats (sic!) de dire on ne fait pas de référendum, on ne veut pas revoir ce qui s’est passé». Vous avez bien lu. Pour Momone, comme la surnomme le Canard enchaîné , la démocratie c’est donc: 1. Considérer que Sarko est déjà élu puisque François Bayrou mais aussi Ségolène Royal «étaient» candidats. 2. Faire l’Europe avec «un traité politique» sans consulter le peuple, réputé trop con.

Enfin, devant devant un public survolté, parmi lequel avaient pris place l’animateur de télévision Arthur, les comiques Jean-Marie Bigard, Roland Magdane et Stéphane Collaro, le marchand de papier Paul-Loup Sulitzer, la Grosse tête Pierre Bouvard, l’ancien cycliste Richard Virenque, le journaliste sportif Thierry Roland, les chanteurs Carlos, Enrico Macias, Doc Gyneco et bien sûr Johnny Halliday, Simone Veil, visiblement troublée par tant d’intelligence rassemblée, s’est emportée: «Ce qui n’est pas admissible, c’est qu’un certain nombre de gens, et plus qu’on ne le pense, fasse le choix de ne pas travailler, d’avoir le RMI alors que d’autres travaillent.» Suscitant un tonnerre d’applaudissements sous la voute du palais omnisport. Selon elle, «cet exemple est significatif» de ce qui peut changer avec Nicolas Sarkozy. «Nous avons un pays formidable. La plupart de ceux qui vivent ici sont des gens formidables… et il suffit pourtant de peu de gens pour gâcher les choses.»

Vivement qu’on en finisse avec ces mauvais Français!

Temps de lecture : 3 minutes
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