Contre une profanation sarkozyste

Michel Soudais  • 13 mai 2007
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Après la dernière virée de campagne de Nicolas Sarkozy, le 4 mai, sur le Plateau des Glières, j’avais sur ce blog évoqué une «profanation» de ce lieu de mémoire. Pour donner suite à ce coup de gueule, je veux citer ici un appel lancé dès le lendemain et dont je n’avais pas eu connaissance jusqu’à ce jour. S’il est un peu tard pour se joindre au pic-nic de prostestation (que ceux qui y étaient n’hésitent pas à nous en faire un compte-rendu dans les commentaires) qui a semble-t-il rassemblé un millier de personnes, il est bon de savoir que des citoyens et des résistants ont réagi. Voici leur appel répercuté sur plusieurs sites, dont indymedia-grenoble, Mille Babords, ou encore antenne-relais, qui y a ajouté quelques éléments de réflexion:

« Des citoyens haut-savoyards soutenus par trois figures de la Résistance :

Walter Bassan, déporté, résistant, rescapé de Dachau ;

Robert Lacroix, résistant ;

Constant Paisant, résistant, ancien des Glières

lancent un appel à un rassemblement aux Glières dimanche 13 mai 2007 à midi pour dire :

Non, M. Sarkozy, les combattants des Glières ne sont pas récupérables ! [[« Le mot « Non », fermement opposé à la force, possède une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles. »
(extrait du discours prononcé par André Malraux, le 2 septembre 1973, à l’occasion de l’inauguration du Monument de la Résistance érigé par le sculpteur Gilioli sur le Plateau des Glières).]]

M. Sarkozy vient de réaliser une opération médiatique sur le lieu des combats de 1944, aux Glières.
Tantôt marchant absolument seul vers le monument, tantôt serré par des parlementaires de son parti et entouré de micros et caméras, il est certain que M. Sarkozy disposait d’un bon metteur en scène ce vendredi 4 mai 2007.

Les dialogues étaient beaucoup moins affûtés : parler de la « sérénité » du lieu s’accommodait bien mal de la bousculade médiatique de ce jour là. Et les propos polémiques contre sa concurrente au poste de la Présidence de la République face aux micros tendus n’étaient pas dignes d’être proférés sur le lieu même du sacrifice des Résistants Unis.

M. Sarkozy ne sert pas la mémoire des Glières et de la Résistance.
M. Sarkozy se sert des Glières.

Nul ne lui contesterait le droit de rendre un hommage personnel et discret aux hommes tombés ici.
Nul ne lui contesterait le droit de rendre un hommage public dans une fonction officielle.
Nous lui contestons le droit de récupérer un symbole historique au service de son ambition personnelle, dans une mise en scène détestable à quelques heures du scrutin.

La mémoire des combattants des Glières appartient au peuple français. Les avancées politiques issues de ces sacrifices et des combats de toutes les Forces Françaises de l’Intérieur doivent être défendues.
Le programme du Conseil National de la Résistance, unifiant les composantes combattantes a permis des avancées sociales extraordinaires à la Libération.
Nous, nous y souscrivons toujours.

Nous appelons à un rassemblement digne sur le plateau des Glières, autour d’un repas tiré du sac et fraternellement partagé, dimanche 13 mai 2007 vers midi : citoyennes et citoyens de Haute-Savoie ou d’ailleurs sont conviés à montrer que ce sont des gens du peuple, d’origines très diverses, qui se sont dressés ici contre l’oppression.

Non, aucun politique en campagne, de quelque bord qu’il soit, n’aurait dû venir entacher l’esprit du plateau.

Haute-Savoie, le samedi 5 mai 2007.»

Temps de lecture : 3 minutes
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