Est-ce cela le dialogue social?

Michel Soudais  • 9 mai 2007
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En votant Sarkozy, les Français ont décidé le rétablissement de l’esclavage pour les travailleurs ; nous autorisons les syndicats à négocier le poids des chaînes mais pas plus. Je caricature? A peine. Il suffit de se reporter aux propos qu’a tenu mardi Claude Guéant, sur LCI…

Qui connaît Monsieur Claude Guéant? Pas grand monde. Cet obscur haut fonctionnaire a fait carrière dans la préfectoral. En 2002, il devient directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, place Beauveau, puis à Bercy avant de revenir à l’Intérieur,poste qu’il a quitté pour être le directeur de campagne de son patron. Ce petit homme gris rêve de finir sa carrière secrétaire général de l’Elysée. S’il obtient le job, attendez vous donc à le voir sur vos écrans de télévision le 16 ou le 17 mai. C’est en effet à lui que pourrait revenir la tache d’annoncer la liste des membres du gouvernement. Voilà pour la présentation de Claude Guéant, la voix de son maître.

En réponse aux mises en garde des organisations syndicales contre un passage en force sur le service minimum (en cas de grève dans les transports) ou les régimes spéciaux de retraite, Claude Guéant a déclaré sur LCI: «Je vois mal que les syndicats puissent aller contre l’avis du peuple français. Les syndicats , auxquels Nicolas Sarkozy souhaite réserver une grande place dans la refondation des instruments de notre démocratie sociale, ne représentent que 8% des salariés . Ce sont 85% des Français qui se sont exprimés dimanche dernier.»

C’est curieux cette manière, assez typique de la rhétorique de son patron, qu’a Monsieur Guéant-Gris de noircir le trait. Si 85% des Français avait voté pour son chef, ça se saurait. Faut pas pousser!! Qu’il ait recueilli 53,04% des électeurs qui se sont exprimés, est déjà bien assez. Inutile d’en rajouter. D’ailleurs cela ne fait que 42,69% des 44.472.198 électeurs inscrits, qui eux-mêmes ne constituent pas l’ensemble des Français, etc.

Mais au moins le propos est clair: Nicolas Sarkozy a été élu sur «un projet extrêmement clair» , comme il nous le rappelle. Rien de ce qui a été annoncé n’est négociable. Les syndicats, minoritaires, n’ont donc qu’à fermer leur gueule. Nous voilà édifié sur la conception sarkozyste du «dialogue social». A part ça, nous explique la voix de son maître: «Nicolas Sarkozy n’a aucune intention de passer en force.» Serait-ce de l’humour?

Temps de lecture : 2 minutes
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