La gauche s’unit… en Allemagne

Michel Soudais  • 23 mai 2007
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La fusion du Linkspartei et de l’Alternative électorale pour le travail et la justice (WASG) n’est plus qu’une question de jour. Les militants des deux formations de gauche antilibérale l’ont approuvé, le week-end dernier. En avez-vous entendu parler? Moi non. A part dans l’Humanité, on ne peut pas dire que cet événement ait retenu l’attention des médias. Le Monde ou Libération sont beaucoup plus intéressé par l’Italie, où les démocrates de gauche du PDS (ex-PCI) et les démocrates libéraux se sont fiancés pour s’unir à l’automne dans un Parti démocrate de centre-centre-gauche.

Mais revenons à l’Allemagne. Le Linkspartei (Parti de gauche) est l’héritier du PDS néocommuniste et dirigée par Gregor Gysi. La WASG (Alternative électorale pour le travail et la justice) est né en 2005 et rassemble des déçus de la social-démocratie et alternatifs de gauche sociale. Les deux formations avaient fait alliance
pour les élections législatives de 2005, remportant 8,7% de voix. Cette alliance est devenue le quatrième parti à la chambre basse du Parlement (Bundestag), où son groupe parlementaire est présidé par Oskar Lafontaine. Le 13 mai dernier, une liste Linkspartei-WASG a recueilli 8,6% aux élections régionales de Brême. C’était la première fois qu’un parti situé à la gauche du SPD faisait son entrée dans un Parlement régional de l’Allemagne de l’ouest. Le SPD, lui, a payé son alliance au niveau fédéral avec la CDU d’un important recul électoral dans cette ville-Etat qu’il dirige depuis 1946: 42,3% en 2003, 36,8% en 2007 [^2].

Il y a un an, Le Linkspartei.PDS et la WASG avaient voté en faveur d’une fusion en 2007, ce qui avait provoqué la démission de trois dirigeants du WASG. Le 25 mars, les 355 délégués du Linkspartei avaient voté à 96,9% en faveur de l’accord de fusion, tandis que ceux de la WASG avaient approuvé à 87,7% le projet.

Fusion programmée le 17 juinSamedi dernier, c’était au tour des 72.000 militants des deux formations de se prononcer. Elles ont approuvé à une large majorité la fusion décidée par leurs dirigeants, posant les jalons d’une nouvelle gauche en Allemagne. Quelque 49,8% des membres de la WASG ont participé au vote, dont 83,9% ont donné leur feu vert à l’accord de fusion contre 15,1% de refus, soit bien plus que la majorité simple requise. «Nous avons un très bon résultat, la nouvelle gauche arrive », a commenté un haut responsable, Thomas HHndle. L’approbation a été encore plus massive chez les militants du Linkspartei.PDS, dont 96,9% ont répondu «oui» à la fusion contre 3,1% de «non», selon le reponsable Dietmar Bartsch.

La fusion des partis entrera officiellement en vigueur le 17 juin au cours d’un congrès fondateur. Ce jour-là, on votera en France pour le second tour des élections législatives. Les formations et courants de la gauche antilibérale française, se présentant une fois de plus en ordre dispersé, risquent fort de disparaître de l’Assemblée nationale. Une bonne raison de regarder ce qui se passe en Allemagne.

[^2]: Tirant les leçons de cet échec, le SPD a décidé de rompre l’alliance qui le liait à la CDU dans ce Land pour le diriger désormais avec les Verts (16,4% ; +3,6 points).

Temps de lecture : 3 minutes
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